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 Quitter un danger pour en trouver un autre, décidément, les voyages ne me réussissent pas !

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MessageSujet: Quitter un danger pour en trouver un autre, décidément, les voyages ne me réussissent pas !   Quitter un danger pour en trouver un autre, décidément, les voyages ne me réussissent pas ! EmptyMer 3 Fév - 20:11

Le territoire au sein duquel je me trouvais à mon arrivée était… Il n'avait rien d'accueillant pour moi, omit son décor. En effet, bien que la végétation y soit par endroits luxuriante, que des champs superbes s'étendent à perte de vue, décorant collines et vallées de carrés colorés, il manquait une chose des plus importante pour que je m'y sente comme chez moi. Un petit brin de courtoisie bienvenue entre les différents peuples se côtoyant ici. Il existait certes une certaine amitié un peu brute, encore fraîche et manquant de finesse qui joue le ciment liant ces êtres habitant ici les uns aux autres, mais rien qui ne soit aussi profond que je le désirais.
Il faut me comprendre, je viens d'un monde où les différences ne peuvent être plus marquées qu'ailleurs. J'exagère certainement en affirmant cela car je ne sais finalement presque rien des autres mondes, tout juste quelques bribes de conversations glanées ici ou là par l'une de mes oreilles indiscrètes (les vilaines!). Mais je digresse, le fait est que ce monde aux différences tranchées entre les diverses races le peuplant dont je viens, ce monde est le plus unit que je connaisse, du moins me semble-t-il aux vues de ce que j'ai entendu.

Me voila donc perdue. Loin de chez moi, de mes terres ancestrales, qu'elles soient brûlées de haine et de mort comme verdoyantes par la volonté des Nymphes et la protection des Golems. Sans ce tissage serré, des liens incassables formant l’écheveau de relations paisibles entre mes frères et sœurs de toutes races. Sans même cette impression de simple tranquillité qui nous habite là bas, celle qui, même dans la tourmente de jours moins clairs, reste au fond du regard, assurant que tout ira bien. Cela me manque, cet optimisme profond venu de la confiance que les uns placent dans les autres.
Car ici tout est préjugé. Les petits ne sont que des avortons. Les athlètes des perches idiotes. Les gaillards bien bâtit des tranches de lard. Le tout envoyé comme les pires insultes que j'ai jamais entendues. Mon poil se dresse sur ma peau frémissante d'horreur lorsque je sens cette animosité non feinte qui crisse dans les voix les plus mielleuses. C'est quelque chose d'atroce que de savoir chaque propos mensonger, que les bouches ne s'ouvrent que pour profiter de la situation d'un autre ou le rabaisser. Non, vraiment, je me perds ici, je suis comme un oiseau englué dans une mare d'huile et de tourbe. Il me semble que si je reste, je ne pourrais bientôt plus respirer. Ces gens sont des… des gens eux aussi, mais, même si je donnerai chacun de mes cinq sens et la magie de mon sang pour les aider, je ne le peux pas, il faudrait déjà qu'ils soient capables de demander sincèrement cette aide, et ils ne le peuvent pas non plus.
Alors je vais partir aujourd'hui. Je range mes dernières affaires, quelques biens venus de chez moi, dans une besace de peaux et de végétaux tressés. Je tire les cordons afin que rien ne risque de s'en échapper, puis je sors de ma petite chambre et traverse le hall semi bondé de la salle commune pour arriver jusqu'à la large porte de l'auberge. Un petit coup d'oeil en arrière m'apprend que personne ne se soucie de moi, quelques regards curieux me dévisagent, un ou deux légèrement lubriques, la plupart moqueurs ou ironiques en comparaison au sourire affable que l'on lit sur les visages auxquels ils appartiennent. Rien qui ne soit de nature à me retenir. La porte s'ouvre, l'air me chatouille la truffe de ses senteurs, s'engouffre en brise délicate dans mes manches, et je sors.

Je me retrouve alors sur le pallier, cette petite brise toujours présente dans les villages faisant frémir ma robe, celle ci ondulant doucement par moment. Je regarde autour de moi. Quelques passants, la plupart avec au moins une arme sur eux, certains portant des outils qui les marquent comme travailleurs de la terre ou artisans de la nécessité, que ce soit l’aiguiseur et sa roue limée ou l'ébéniste dont le biseau dépasse de son sac défraîchit et tâché de vernis. Je soupire, personne n'attentera à ma vie dans les prochains mètres. C'est pourtant une chose courante et dont personne ne semble s’inquiéter par ici. Voir les gens déambuler avec l'outillage nécessaire pour faire voler une tête semble une chose normale, voir même rassurante, ce que je peux comprendre dans un sens, mais qui me terrifie lorsque je songe à cette animosité ambiante.
Je quitte donc au plus vite cet endroit où la tension fait office d'atmosphère et m'engouffre dans les ruelles jusqu'à déboucher à l'extérieur des murs de brique. Ici plus de route pavée, tout juste après quelques mètres, c'est un chemin de terre qui m'accueille. En toute honnêteté, je préfère cette terre tassée mais douce sous mes pattes enrobées de fines languettes de cuir tanné. Je me sens plus en sécurité sur ce sol tiède et disparate d'où pointent quelques pierres.
Un soupir délicat expire une grande partie du stress qui m'habite, mais je sais que je ne pourrai réellement relâcher mes épaules qu'une fois que je me sentirai pleinement en sécurité. Je décide alors de ne plus perdre une seconde, naviguer entre ces états de peur et d'anxiété toute la journée n'est clairement pas fait pour moi. Lorsque cela arrive il me semble revivre mes jours sombres, et aucun des souvenirs liés n'est bon.
Le soleil sur ma droite, la matinée à moitié entamée, je fais mes premiers pas, les premiers d'une longue suite qui, si je trouve ce que je cherche, devraient me mener soit à la partie de mon monde qui a été retirée, soit vers un ailleurs qui m'accueillera plus chaleureusement que cette première région.

Il me fallut une bonne semaine, à déambuler de village en village, à passer sur les petites places en espérant ne pas sembler trop suspecte pour que quelqu'un décide de me couper un morceau et d'aller voir s'il vaut quelque chose près des avis de recherche. Je passais tout juste le temps nécessaire à refaire mes provisions dans ces bourgades de campagne, évitant les grandes villes chaque fois que je reconnaissais leur silhouette au loin ou que l'affluence sur la route se faisait plus importante que d'habitude. Je fuis ainsi ce climat lourd, pesant sur ma tranquillité d'esprit, et m'introduis en d'autres terres m'étant toutes aussi inconnues que celles dont je viens, mais je ne le sais pas.
Je marche donc, comme toujours, je marche sans avoir vraiment de but, je suis des routes quand j'en trouve, lorsqu'elle se terminent par une chaumine ou une ville j'en cherche une autre et si je n'en trouve pas je me contente de là où mes pas voudront bien me mener. Cela peut sembler idiot, peut être inconscient, il est possible que ce le soit, mais je n'ai pas mieux à choisir comme destination, à ma place que feraient les autres… J'y pense de temps en temps, cela me permet de me sortir la douleur de mes pattes et de mes jambes éreintées de mon esprit. Lorsque je songe, j'imagine ceux qui iraient par chaque ville, je me demande si ils feraient de belles rencontres, puis je me demande si moi je serai capable de faire pareil, et bien souvent la réponse est non, car même si j'ai le contact facile, l'atmosphère de cette région m’oppresse, mes nerfs sont sensibles, mes muscles tendus, mon esprit sur le qui vive. Non, je ne réussirai qu'à avoir des ennuis, alors, à la ville suivante sur la ligne d'horizon, je me détourne de mon chemin et en cherche un autre, encore et encore, jusqu'à ce que, comme maintenant, je ne rencontre plus le moindre village depuis une bonne semaine.

J'y songe, c'est étrange. C'est étrange que je n'ai croisé la moindre habitation depuis tout ce temps. C'est étrange que je n'ai pas même vu un passant. C'est étrange que je ne m'en inquiète pas. C'est étrange que je m'en rende compte seulement maintenant, alors que cela fait trois jour que je dors dans une forêt à la canopée si dense que la pénombre règne même la journée, installant le soir du lever du soleil à son coucher.
Je m'arrête, jette un regard circulaire autour de moi, détaille les branches basses des arbres séculaires s'élevant autour de moi, leurs fûts semblables à des piliers retenant le ciel. Ils ont quelque chose de majestueux et de mystique à la fois qui me plaît, me rassure et m’impressionne.
J'inspire, l'odeur de l'humus dans lequel mes pattes s'enfoncent doucement, la fraîcheur de l'air et ses senteurs de fleurs sauvages, de champignons, d'animaux, de vie et de mort un peu partout dans cette nature calme.
J'écoute, le pépiement de rares oiseaux au début, puis, une fois concentrée, le murmure du vent qui me rapporte le coassement de quelques créatures loin à l'Est, le grondement d'une bête puissante et les couinements de ses petits plus loin au Nord, la fuite effrénée de quelque chose… qui se rapproche avec ses poursuivants.

Je me retourne alors, un vent de panique soufflant en moi. Mon coeur s'accélère, je fouille l'obscurité des yeux, je perds la galopade et dois me concentrer. Ce n'est plus très loin, tout juste deux cent mètres, cent cinquante, ça s'éloigne… Je soupire, soulagée pour le moment, et remarque un peu tard que je ne suis plus seule ici. La main posée sur une racine, un masque sur le visage et ce qui semble être un javelot dans la main, quelqu'un m'observe. Je lui retourne son regard, et m'enfuis quand il essaye de me tuer d'un lancé parfaitement calculé.
Je cours, je fuis sans regarder derrière moi. Je ne veux pas faire de mal à cet individu qui ne sait rien de moi. Il a peut être simplement peur, il me voit, une inconnue, sur son territoire, et il essaye de se protéger, lui et les siens. Je m’appuies contre un baliveau, haletant en cherchant à reprendre mon souffle, et entend le sifflement de l'air fendu juste à temps pour jeter ma magie dans la même direction et faire exploser l'arme fusant vers moi. Une petite pluie de copeaux retombe au sol, parsemant la mousse poussant sous cette trouée forestière de tâches brunâtres.

Le souffle court je me redresse, mon bâton en travers du corps et une main floutée par la magie l'entourant juste devant moi, le bras replié contre le corps. Il me semble que je pourrait cesser d'exister dans la seconde si je ne prends pas garde. L'autre en face ne fait pas mine de bouger, il reste là, son masque luisant entre pénombre et lumière me dévisageant d'un regard creux. Je remarque que sa peau semble noueuse, comme l'écorce d'un arbuste. Elle a une teinte entre le jaune et le vert, ce n'est pas spécialement beau, mais les dessins que forment ces nœuds la rende attrayante et mon regard peine à s'en décrocher pour s'occuper des gestes que mon compagnon silencieux fait maintenant.
De son dos il tire un autre bout de bois. Je plisse les yeux, m'assurant que ce que je vois n'est pas une nouvelle lance destinée à me clouer au sol. Il défait ensuite une sorte de longue ceinture, enroulée par dessus celle qui retient déjà son habit coloré à son bassin, et se tend en calant la tige sous l'un de ses pieds, la pliant jusqu'à ce que je la crois impossible d'aller plus loin si briser et… si. Il coince la cordelette dans une encoche, puis fait de même de l'autre côté. De derrière l'une de ses cuisses il prend ce qui ressemble plus à un trait qu'une flèche. Large, court, une matière brillante à son extrémité. Je déglutis, je sens que je vais devoir montrer mes talents de mage une nouvelle fois. Mais il se contente d'un petit signe de tête vers moi, lève son masque vers le ciel, et vise le soleil. Tous ses muscles se tendent dans l'effort, la branche se plie de façon insensée sans rompre, et soudain, le trait fuse, débandant l'arc et le corps de l'inconnu. Celui ci coince à nouveau un côté de la tige sous l'un de ses pieds, il retire la corde, retenant son bâton pour qu'il ne claque pas au sol, enroule la cordelette autour de sa taille et replace ce qu'il reste de son arme dans son dos. Sans rien faire de plus, il me tourne le dos et s'enfonce dans la forêt.

Je reste longtemps tendue, entre la peur qu'il revienne pour me tuer avec d'autres de siens, et le soulagement que ce ne soit pas pour tout de suite, voir même que je ne craigne plus rien. Je souffle finalement, me laissant aller contre le petit arbre qui me soutient. Je m'assois au sol et me prend la tête dans les mains, mon bâton posé entre mes jambes et mon ventre, les genoux pliés. Rien ne se passe, j'ai beau attendre, tendre l'oreille, il n'y a plus que moi, moi et les bruits naturels de la forêt, même la cavalcade de tout à l'heure ne murmure pas au loin. Pensant le danger éloigné je me redresse donc, j'époussette ma robe et regarde mon armure avec une petite mine désolée, des tâches diverses dues au voyage la constelle. Je décide de la nettoyer lorsque j'aurai trouvé un endroit où m'installer, même si cela ne dure que quelques jours. Je remarque alors une chose, un détail, peut être sans importance. Je n'ai pas entendu le trait retomber. J'aurais dû pourtant, son sifflement m'aurait alerté et j'aurai put l'esquiver s'il m'était destiné, mais non, rien. Je regarde les cieux, perplexe, me demandant s'il s'agissait là d'une offrande pour une divinité plus lointaine qui se trouve dans les airs. Comme je ne peux répondre à cette question je décide au moins de me rassurer en me disant que l'objet serait retombé depuis longtemps sinon, et qu'il est tout à fait possible que ce soit d'ailleurs le cas mais que je ne l'ai pas entendu, je ne risque donc rien de ce côté ci. Quoi qu'il en soit il me faut reprendre la marche, la forêt me semble paisible pour le moment, même si je sais maintenant qu'elle l'est moins qu'il n'y paraît. Je retourne donc dans l'ombre des géants et avance d'un pas rapide, trottinant parfois lorsque j'ai l'impression que quelqu'un me suit.

C'est une étrange impression d'ailleurs, je ne la ressentais pas avant, pas même lorsque l'être au masque me poursuivait. Même si je me doutais qu'il devait se trouver dans mon dos, je ne ressentait cette désagréable sensation d'un regard qui me fouille comme celui d'un érudit sondant un livre ouvert. Je me mets à jeter des regards aux alentours, plus nerveuse, ma poigne se resserre sur le bâton entre mes mains. Témoin de ma nervosité, la petite pierre en son bout se met à luire plus vivement, une alerte ? Une hausse de magie en moi ? Quelque chose que je dois comprendre ?! J'inspire profondément, cherchant à me calmer et… regarde mon flanc, quelque chose de translucide s'enfonçant dans le tissus de ma robe et dans ma chair. Je glapis, reculant d'un pas, deux centimètres d'une lame éthérée ressortant de la plaie en laissant couler le sang. Face à moi se trouve une chose, je ne pourrais mieux la décrire, elle n'est ni visible ni invisible, elle se contente d'être là et de me laisser la remarquer sans pouvoir l'observer.

Par réflexe, et instinct de survie, je place rapidement mon bâton devant moi, envoyant une salve de magie pure sur ce qui est de toute évidence un ennemi peut désireux de m'écouter, et trop étrange pour que je sache si c'est seulement possible. Mais mon flux ne le touche pas, il le traverse, comme de l'air, et s'écrase plus loin contre le tronc d'un arbre innocent. Je recule alors à nouveau de quelques pas, mes oreilles tremblant sur mon crâne et ma queue se balançant nerveusement dans mon dos. En peu de temps il est sur moi, je ne sais même pas si je l'ai vu se déplacer, je ressens simplement sa présence, cette désagréable sensation d'une chose, toute proche, mais impalpable et invisible. Je tente de le repousser en saisissant mon arme à deux mains, mettant toute la force que j'ai dans mes petits bras pour l'éloigner de moi. Mais mon impulsion est vaine, je le traverse simplement et finis à genoux au sol, emportée par mon élan tandis qu'une superbe estafilade vient me barrer les côtes sur le flanc droit. Je couine de douleur, je me sens soudainement envahit par la peur. Ma magie ne le touche pas, mon corps non plus, pas même mon arme, ma seule arme, je suis fichue, après toutes ces années de vie je vais périr ici, loin de tous ceux que j'aime et ils ne le sauront jamais, je n'ai même pas put protéger le peuple de ce monde de ce que l'on a prit au mien. L'angoisse et l'approche de la fatalité me serre la gorge, mais alors que je m'attends à un coup, je n'entends qu'un claquement mat, comme celui d'un couteau qui s'enfonce dans du bois tendre.
Je tourne la tête, derrière moi, à seulement un petit mètre, peut être moins, les remous de l'air se font plus vifs, et je remarque une tige de bois qui disparaît en partie dans ces tourbillons. Ne comprenant pas ce qui se passe mais voyant là une opportunité à saisir je rampe lentement pour m'éloigner, tâchant de ne pas faire trop de bruit malgré la douleur qui me fait tressaillir à chaque mouvement.

J'entends alors un glissement qui me rappelle celui de l'arc d'un de mes frères. Celui du bois lisse d'une flèche que l'on glisse contre la barre de l'arc en tendant la corde. Soudain un claquement, quelque chose vibre dans l'air, un autre bruit sec, les mouvements de l'air remplissent l'atmosphère d'une peur folle et je me retrouve tétanisée sans savoir ce qui m'arrive. Encore ce claquement, la vibration de la corde soudainement détendue dans l'air, et puis plus rien, j'ai l'impression qu'on relâche mon coeur, comme si une main l'enserrait depuis tout à l'heure, et je m'effondre au sol, les membres tremblant, le corps flagellant. Dans mon sang l'adrénaline attise encore mon organisme et je déglutis nerveusement à l'approche de celui qui a abattu mon agresseur.

Je sens une main se glisser sous ma gorge depuis mon dos, une autre apparaît dans mon champ de vision et passe un doigt le long de mes lèvres, se glissant dessous pour m'écarter les crocs. Une note basse se fait alors entendre, comme un tuba, elle se module, variant en une musique étrange et je me décide à faire ce que l'on attend de moi. Une modulation joyeuse accueille ce changement d'attitude et l'embout d'une gourde m'est glissé dans le museau. Je bois un liquide épais, comme du sirop, cela me fait tousser mais j'ai aussi l'impression que mes oreilles se débouchent, et je cligne des yeux, les alentours me paraissant soudainement bien plus lumineux.
On écarte la gourde de mon museau, je me passe vivement la langue sous la truffe, sentant une petite trace qui est restée. Je réalise que la faiblesse de mon corps disparaît peu à peu, un poids dont je suis peu à peu soulagée. Je peux de nouveau bouger. Avec des gestes lents je repousse le sol, me redressant pour m'asseoir, la tête me tourne encore, mais je sens que cela ne va pas durer, mes idées se remettent en place. Je cherche alors du regard celui qui m'a secourut. Il se trouve sur ma droite, debout mais étrangement plié en deux pour observer ma blessure sur les côtes.

C'est un personnage étrange, au moins autant que mon assaillant. Comme je doute qu'il cherche à me faire du mal après m'avoir sauvé des griffes de ce dernier je ne m'occupe pas vraiment de lui et cherche rapidement du regard une trace, un corps, qui m'assure que je n'ai pas rêvé tout ça. Mais il ne reste rien, juste une pointe de bois sur laquelle s'accroche une étincelle lumineuse. Je ressens un élan de douleur sur mon flanc et tourne rapidement le museau, une grimace contrite dessus. Mon sauveur observe un tout petit éclat entre deux doigts qu'il a entouré d'une sorte de tissus de chanvre très fin. Je regarde avec curiosité ce matériau semblable à du verre mais me retiens d'en approcher la main en constatant l'extrême précaution avec lequel mon soigneur le manipule.
De sous son masque sort en ensemble de notes étrange, une mélodie un peu triste mais dans laquelle vibre une note basse et contrite. Il prend une petite sacoche à sa ceinture et glisse l'éclat dedans avant de passer devant moi, accroupit, se déplaçant plus comme un animal souple et agile qu'un être à la morphologie humaine. Sans faire preuve de la moindre hésitation, il me touche la poitrine et trouve la plaie que m'a fait l'assaillant, écartant les bords tranchés du tissu pour retirer là aussi ce qui semble être une écaille de verre acérée. Un claquement de langue se fait entendre, suivit d'une série de notes basses et rapides et il range le fragment avec son compagnon. Il se redressa si rapidement que je le réalisais qu'à la traction puissante que sa main fit sur mon avant bras, me tirant vers le haut pour que je me redresse à mon tour. Encore assez choquée par ce qui venait de m'arriver, et troublée par l'auscultation et les manipulations dont je faisais l'objet, il me fallut quelques instants pour comprendre qu'il se voulait mon guide et attendait que je lui emboîte le pas.


Je le suis donc durant de longues heures, ma poitrine me faisant toujours mal et chaque pas, aussi doux soit-il, m'arrachant un petit souffle douloureux. Mon guide ne semble pas s'en inquiéter, il garde son rythme soutenu, la peau tachetée de ses omoplates s'éloignant parfois de moi sans qu'il ralentisse pour autant, me forçant alors à presser à nouveau mon pas.
Notre chemin se termina dans un espace abrité par les géants de la forêt, leurs troncs majestueux semblables aux piliers portant le toit bruissant d'une gigantesque pièce. Et dans cette pièce, la vie d'un groupe, de petits feus, des abris creusés dans le sol et recouverts de tressages. Ici et là, des êtres comme celui me menant entre eux vivaient sans se soucier de ma présence.
Je progresse sur les tapis de mousse et de feuille agencés pour tracer des chemins entre les divers refuges. Au centre se trouve un brasier plus important, entouré d'êtres aux déplacements agiles comme les autres. Mon guide me place devant eux, et fait entendre sa mélodie une fois de plus. Je constate alors deux choses. L'endroit résonne d'un flot de notes semblables à celles des deux êtres se répondant l'un à l'autre. Et seul une personne différente se trouve là, visiblement un musicien, un long instrument en bois lustré appuyé contre le flanc. L'un des personnages se tourne vers lui, exprimant ses modulations, et l'homme me regarde, avec autant de curiosité que de méfiance, avant de déclarer simplement.

-Bienvenue chez les Mélodieux, c'est tout ce que j'ai trouvé pour les nommer au mieux. Ils veulent savoir pourquoi vous êtes allée chercher un démon du ciel dans la clairière de l'arbre jour. Vous ne devez pas comprendre mais c'est ainsi qu'ils nomment les points lumineux de la forêt. Moi, je serai votre traducteur.

Il porte alors l'embout de son instrument à ses lèvres, attendant que je daigne prendre la parole pour traduire mes mots en musique compréhensible par le reste des êtres présents.

C'est ainsi que se fit mon premier contact avec un peuple de la zone dite neutre.
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