Année 0 – Jullas-Abllas
Jullas-Abllas la ville libre, c'était là que nous bataillions fermement, côte à côte avec Köinzell pour repousser la menace de l'armée du compte Barestar, et que tout cela arriva finalement. Je n'étais pas arrivée seule lors de cet événement inattendu, quand cet espèce de tourbillon semblable à la pire des magies de Wischtech nous avait tous aspirés, quelques habitants de la ville libre, des décombres, et moi. Tous disais-je ? Pas vraiment finalement... Köinzell et les autres étaient restés là-bas... A défendre cette ville qui s'effondrait sur elle-même. Seul mon loup-ailé avait pu me rejoindre en ressentant ma détresse.
Cette détresse était d'ailleurs bien réelle. Je venais à peine de me remettre, plus forte que jamais de cet héritage que m'avait laissé Köinzell, cet héritage de sang elfique et héroïque; que j'étais déjà redevenue inutile, isolée de lui et de la cause que je défendais avec ferveur. La poignée d'habitants de la ville étaient aussi pris dans la tourmente, ce sont malgré tout eux qui m'ont permis ne plus me morfondre. Chose que j'avais tristement commencé à faire, faible que j'étais. Ce peuple m'avait aidée et soutenue pour pour que je reste forte, pour que nous restions unis et soudés. Ce fut par ailleurs quand j'avais réussi à me reprendre au bout de quelques jours que je pus constater cet endroit où nous étions arrivés. Voyant d'énormes monuments qui m'étaient inconnus, et vers un semblant d'infini, ces rocheuses qui émergeaient, le peuple qui m'accompagnait y avait vu la même chose que moi, « les Mille Silex ». Nous avions du mal à comprendre ce maléfice Mais nous y voyions une issue, comme ce jour où j'avais vu ce même mur s'effondrer, j'étais persuadée d'y trouver un moyen de sortir de ce monde en partant dans cette direction.
Ainsi, me reprenant fermement en main, dans un élan de détermination inébranlable, je pris les premières directives que toute la foule présente n'osait encore prendre, toujours errant dans leurs questionnements et se préoccupant de leurs soucis personnels. C'était clair pour moi, rester ici n'allait nous avancer à rien. Lorsque vint de ma part l'initiative d'inviter quiconque croyait en moi à me suivre, la quantité de personne m'eut motivée d'autant plus. Ce n'était pas que le peuple de Jullas-Abblas qui souhaitait retrouver leur ville, mais bien tous ceux venant d'ailleurs et que Infinity avait amené. Infinity, ce nom qui était venu à nos oreilles dans le courant des premiers jours pour désigner l'entité qui nous avait emmenés en ces lieux. J'avais proféré quelques paroles à ce sujet.
« Si l'infini nous a mené ici, nous irons donc au-delà ».Cette phrase devint finalement la lance de fer de notre petit groupe qui se dirigeait au-delà de ces montagnes abruptes. Où nous trouvâmes une immense forêt et des terres de verdure de l'autre côté. Une motivation supplémentaire qui remettait du baume au cœur de notre troupe que je guidais en ouvrant la voie à dos de mon loup-ailé. Au-delà de cette verdure infini, un point culminait dans les hauteurs, un semblant de civilisation.
1ère Année – L'expédition
Notre groupe restait soudé, coopérant et alliant les capacités de chacun pour mener à bien une expédition de grande envergure : la traversée de cette forêt. Cette forêt qui fut dénommée dans un premier temps comme enchantée de par ses merveilles nous cachait finalement bien son jeu. Je gardais en tête les enseignements essentiels de Köinzell, distinguer l'ennemi. Tout danger que nous trouvions en ces lieux n'était pas un danger direct, mais un simple écosystème dont émanait encore quelques fois des créatures du trou béant en son coeur. Ce même type de gouffre qui nous avait mené dans ce monde. C'était pour nous une sorte de salut, nous savions que tout pouvait arriver dans un sens. Mais dans l'autre sens, le mystère restait complet. Et étrangement, personne ne s'y essaya. Quant j'eus l'idée de tenter ma chance en chevauchant mon loup, c'était définitivement impossible, une force inconnu nous repoussait, de la même manière qu'elle expulsait les nouveaux éléments arrivant, bien qu'au fond, nous avions l'intime conviction que ces puits de lumières et particules étaient la faille qui nous permettrait de percer une brèche vers le chemin du retour...
L'espoir de trouver une échappatoire commençait à quitter certains d'entre nous à ces nouvelles, d'autant plus que tous n'étaient pas assez fort pour un tel voyage. Quelques malheureux manquèrent de nous quitter, mais nous faisions tout pour l'en empêcher. Cette forêt restait relativement commune dans le fond et nous possédions quelques herboristes d'origine dans notre troupe, qui nous concoctèrent quelques remèdes de fortune. Mais finalement, certaines choses sont inévitables, je repensais à mon frère à ce moment... Même avec toute la bonne volonté du monde, il y a des puissances qui nous seront toujours supérieures en ce monde, la mort en fait partie. Six compagnons nous quittèrent ainsi avant que nous n'arrivions à la ville, nous leur avions donc laissé de petits édifices de bois en guise de tombe là où leur parcours avait pris fin. Les cycles mensuels s'enchaînaient, et le groupe s'égrenait alors que nous touchions au but, à environ un jour de marche des bâtisses que nous voyions au loin, cette vue nous apporta un second souffle. Il ne nous restait plus que ces plaines à traverser, plaines qu'un d'entre nous disait reconnaître de son monde, et que nous nommions donc par respect pour son origine les « Plaines de Krid ».
2ème Année – Yaga
Enfin nous foulions les terres avoisinant ce qui ressemblait à une ville. Une ville qui me réchauffait le cœur, elle ressemblait fortement à l'architecture de mon monde, et se couplait parfaitement avec le reste du monde. J'eus les larmes aux yeux quand nous fûmes chaleureusement accueillis par les habitants de cette véritable ville-forteresse. Très vite, on nous expliqua ce qu'il était advenu de cet endroit: comme nous l'avions bien compris dans la forêt et en voyant les plaines de Krid, cette bâtisse provenait aussi d'un autre monde. Vint aussi peu après le moment très gênant où l'on m'intégra d'office assez haute dans la hiérarchie de ce pays. J'avais beau essayer de refuser, le soutien de la troupe que j'avais menée jusqu'ici accrut la confiance qui était placée à moi en cet instant. Je le sentais, comme lorsque j'avais vu Köinzell à l'oeuvre les premières fois, je sentais qu'il était de mon devoir d'accepter cet honneur. Je fus de fait bien vite amenée à prendre la tête d'un petit conseil qui s'était formé au cœur du bastion.
Cette confiance qu'ils plaçaient en moi, je refusais de la mettre branle, et je les avertis à ce jour de mon loup ailé, l'appelant à mes côtés tandis qu'il était resté dans la forêt au cours de l'expédition pour nous couvrir. Le premier jour, il ne répondit pas aussitôt à mon appel. Je ne m'inquiétais pas vraiment. Et c'est au deuxième jour que mon sort fut scellé. Lorsque mon loup revint enfin à mes côtés, il présentait une blessure légère à la patte et était imbibé de sang qui n'était pas sien. Il s'était passé quelque chose, c'était clair. Tandis que quelques hommes s'attelèrent à panser sa plaie, j'allais sans m'en rendre compte sceller mon destin en ce monde.
Une troupe originaire de la forteresse se posta sur place, peu armée, avec les moyens du bord principalement, cette ville étant pacifique à l'origine comme me l'avaient expliqué mes co-dirigeants, cela me plaisait, mais cette paix devait être maintenue, car la plaie de mon loup n'était pas d'ordre naturelle. C'est d'ailleurs ce que nous rapporta la troupe partie explorer quelques semaines plus tôt. Ramenant quelques lames courtes et émoussées...
3ème Année – Escarmouches
Après quelques mois où nous oeuvrions à maintenir cette paix originelle en ces lieux, et pendant lesquels je cherchais activement avec mes confrères comment quitter ce monde, et si possible, leur rendre cette imposante ville, il fallait forcément un élément perturbateur à ces conditions utopiques. Mon loup-ailé m'envoyant un fort signal de détresse depuis la forêt, signal que j'avais ressenti comme un pincement au cœur. Je prévins de suite de préparer quelques hommes armés, même si cette ville n'y était pas préparée, et j'eus bien fait puisque l'assaillant gagnait du terrain, arrivant aux plaines. Mon loup qui s'était hâté de revenir à moi et me déposa sur les lieux aussi vite, nous assistions à un spectacle terrible, attaqué par des semblables humains, et moins humains. J'en reconnus quelques uns qui s'étaient démarqués il y a quelques années à notre arrivée.
Une escarmouche éclatant contre ces avares de pouvoir, ces conquérants. L'ordre ici n'était pas de les vaincre, mais les tenir en respect tout en faisant en sorte que tous restent en vie. Les dons de tous n'étaient clairement pas de trop mais s'équilibraient avec ceux de l'ennemi. Ce ne fut que lorsqu'une troisième force se joignit à la bataille pour arrêter tout cela que le calme revint. Une force étrange, comme une intervention divine. Certains le scandèrent haut et fort « C'est Infinity ». Je n'en étais pas convaincue dans le fond, mais lui étais redevable d'avoir permis de ne pas tâcher de sang ces plaines. Mais ce n'était pas pour autant que nous n'allions pas essayer de repartir chez nous ! Ces courageux hommes tombés dans ce combat, les vaillants survivants, ceux qui maintenaient cette confiance dans la capitale, nos six compagnons perdus dans la forêt. Tous ceux-là étaient vertueux. Je m'étais jurée à ce moment de tout faire pour leur permettre un retour en bonne et due forme.
Aujourd'hui...
La paix était le mot d'ordre depuis deux ans maitenant, et des petites troupes repoussaient encore inlassablement ces conquérants, aidés de forces externes qui se battaient ensemble sous la même bannière, nous nous unissions implicitement pour éviter le conflit et y mettre fin au plus vite. Enrôlant sans le vouloir d'autres indécis impressionnés par ces faits. Des nouvelles personnes de confiance à compter dans les rangs de part et autre. Comme d'autres perfides rejoignaient l'ennemi.
Les rapports allaient bon train à la capitale, bien que participant activement à ce maintien de paix en nos terres, je n'en oubliais pas pour autant ma tâche dans ce pays, et encore moins mon objectif premier. Mais cela allait encore attendre, car bientôt, de nouveaux arrivants n'allaient pas tarder à alourdir ma tâche, et je me devais de les accueillir, quel qu'ils soient. L'avenir nous réserve encore bien des surprises... 5 ans après notre passage en horizon, une nouvelle vague d'arrivant s'apprêtait à voir le jour