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 La fin n'est que le commencement

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MessageSujet: La fin n'est que le commencement   La fin n'est que le commencement EmptyMer 22 Juil - 22:34

Tout était sombre autour de moi. Tout n'était que ténèbres. Une pénombre si oppressante que j'en avais du mal à respirer. L'impression que l'obscurité autour de moi s'infiltrait dans mes poumons, ce même sentiment qu'un noyé éprouve quelques secondes avant l'inspiration fatale au fin fond d'un océan inconnu se sachant déjà perdu, je le ressentais en ce moment même au milieu de cette dimension totalement vide. Ce qui me sembla être une éternité ne se révéla être qu'une fraction infime de temps, mais ma perception des choses avait été altérée dès l'entrée dans ce mystérieux vortex. Un trajet quasi instantané s'était transformé en un voyage à l'horizon infini de l'univers. Alors qu'enfin je me résolvais à mourir ici, une lumière forte envahit l'espace autour de moi, chassant les ténèbres. Un flash si aveuglant qu'il me força à fermer les yeux. Puis tout se succéda brutalement : l'impression d'être soudainement tiré en dehors de cette masse obscure, l'impression de revivre alors que mes fonctions organiques reprenaient leur cours puis le froid, un froid mordant qui m'envahit en quelques secondes.

La première chose que je ressentis arrivé dans ce nouveau monde se fut ce froid qui s'insinuait en moi de toute part, mais plus particulièrement par ma joue et toute la partie avant de mon corps à dire vrai, comme si je reposais sur un glaçon. Lorsque mes yeux s'ouvrirent enfin, ce fut pour se refermer aussitôt. La tempête de neige qui s'abattait dehors m'empêchait de les garder grand ouvert. Les plissant alors pour ne garder comme ouverture qu'une minuscule fente, je jetai un regard aux alentours. J'étais allongé au beau milieu de ce qui me semblait être une plaine, une plaine recouverte d'un linceul blanc. Autour de moi le monde semblait en ébullition. D'épais flocons de neige virevoltaient dans les airs, charriés par le vent ils cinglaient mon visage. Ma mâchoire se mit brusquement à trembler et mes dents s'entrechoquèrent lamentablement. Le froid s'était infiltré au plus profond de moi, si profond que je commençai à perdre toute sensation dans les mains, si je restais là encore longtemps, je ne survivrais pas. Plaçant mes mains au niveau de ma poitrine, je forçai sur mes bras pour me relever. L'acte fut pénible, j'avais l'impression d'avoir perdu toute ma force comme si j'étais resté allongé sur un lit pendant plusieurs mois sans pouvoir bouger, comme si ce corps ne m'appartenait pas, c'était étrange.

Titubant, je me frayai un passage à travers cet épais rideau de neige. Mes jambes étaient endolories par la froideur environnante rendant ma démarche incertaine, je manquais de chuter à chaque nouveau pas effectué. Soudainement, une tâche sombre se dessina à travers la tempête de neige. Une forme reposait sur la neige, immobile, piégée dans la tempête. Prudent, je fis quelques pas dans sa direction juste assez pour que la forme gagne des contours distincts et que je la reconnaisse aisément : Gaïa. Un sentiment de joie m'envahit à la suite de cette vision. Je n'étais pas seule dans ce nouveau monde, celle qui partageait ma vie depuis bientôt six longues années avaient elle aussi été happée par ce vortex et envoyée ici. J'accélérai le pas, pressé de rejoindre mon animal – si je pouvais l'appeler comme ça – favori. Mais à quelques mètres d'elle, je perdis l'équilibre et m'étalai de tout mon long dans la neige. Les contours de ma vue s'obscurcirent progressivement alors qu'une envie irrésistible de dormir m'envahit. Ma vue devint de plus en plus noire puis plus rien, plus aucun sensation, plus aucun bruit juste le néant total.
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MessageSujet: Re: La fin n'est que le commencement   La fin n'est que le commencement EmptyVen 24 Juil - 15:59

Lorsque ma conscience, soufflée précédemment comme la flamme vacillante d'une bougie, se raviva, un poids conséquent me maintenait au sol. J'éprouvai des difficultés à respirer, mais je n'avais envie ni de me débattre ni de m'extirper de sous cette masse, car j'avais chaud. Oui, pour la première fois depuis mon arrivée ici j'avais chaud. Mes mains jusqu'alors frigorifiées avaient regagné leurs sensations et je pouvais de nouveau goûter aux joies du toucher. La masse qui s'étalait sur moi était d'ailleurs recouverte d'une épaisse fourrure dont l'odeur m'était étrangement familière comme si je l'avais senti un nombre incalculable de fois. Plus j'émergeai de ma torpeur, plus ma conscience des alentours s'accentuait. Visiblement, je n'avais pas bougé de l'endroit où je m'étais écroulé ou alors cette plaine enneigée était immense. Les deux hypothèses étaient tout aussi probables. Je n'avais aussi aucune idée de la durée pendant laquelle j'étais resté inconscient. Une heure, peut-être une demie-journée voire une journée entière, je n'en savais rien, mais j'étais resté assez longtemps au sol pour que mon ventre commence à me crier famine. Tournant la tête pour inspecter le reste de la plaine, mon nez se heurta au museau d'un animal que je reconnus aussitôt. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres, marque éphémère de bonheur avant que la concentration qu'allait me demander ce que je m'apprêtai à faire ne déforme mon visage. Plongeant au plus profond de mon être, je recherchai quelque chose ou plus précisément j'espérai trouver quelque chose : un simple fil, une simple connexion reliant deux individus.

"Tu comptes te réveiller un jour ou tu préfères que je meurs de faim ou encore écrasé ?", questionnai-je une fois notre lien mental retrouvé.

Un bâillement assourdissant, d'autant plus que je me trouvai à quelques centimètres de sa gueule, retentit alors que la gueule de Gaïa se fendit en un gouffre béant. Ses mâchoires se refermèrent à quelques millimètres de mon nez et j'aurai juré avoir senti ses dents le frôler.

"Si je ne t'avais protégé du froid tu serais déjà mort je te signale, mais être reconnaissant est trop te demander je suppose?"

Subitement la pression sur mon corps s'accentua, expulsant l'air contenu dans mes poumons. Ma bouche s'ouvrit et je peinai à capturer de nouveau de l'air.

"M-er...ci, mais aurais-tu l'obligean...ce de te le...ver ?"

Je n'obtenus comme réponse qu'une respiration brûlante soufflée au visage. Puis Gaïa posa sa patte avant sur mon pour prendre appui et se releva, replaçant correctement la plupart de mes vertèbres dorsales tout en m'enfonçant plus profondément dans ce matelas neigeux au passage. Retrouvant avec joie ma respiration, je pris quelques goulée d'air frais. Froid .... À l'instant où son corps avait cessé de me réchauffer et de me protéger du froid, ce dernier s'était de nouveau insinué sournoisement en moi jusqu'à me faire grelotter. Me relevant, je me précipitai sur Gaïa pour enfouir mes mains dans sa fourrure généreuse.

"Je ne me rappelais que tu étais aussi frileux." me fit-elle remarquer avec un air moqueur dans la voix.

"Habillé comme je suis, impossible que je résiste à ces températures là. De plus, le blizzard qui s'abat sur nous n'arrange rien et rend le ressenti plus violent." répliquai-je en marmonnant. "Mais ne restons pas là."

"Tu sais où aller au moins ?"

"Aucune idée, mais peu importe la direction du moment qu'on quitte cet endroit."
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