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Le dhampire est un être qui paraît tout d’abord svelte et gracieux. Bien qu’il soit haut de stature, dépassant aisément le mètre quatre-vingt-cinq, il ne dispose que d’une musculature finement ciselée. Si son sexe ne fait aucun doute, il possède des traits élégants, presque délicats, qui couplés à la pâleur de sa peau et au don de l’éternelle jeunesse, le rapprochent d’une statue de marbre poli, de porcelaine diront d’autres. Cette morphologie onirique suffit généralement à le distinguer des hommes.

De son crâne, nait une crinière qui semble fait d’un alliage d’or et d’argent. Si la plupart de cette chevelure arbore des dorures claires, certaines mèches ont la couleur des pages blanchâtres d’un vieux grimoire, voir celle du platine. Ces teintes contradictoires reflètent avec justesse l’interrogation qui prédomine lorsque l’on observe Adrian : la question de son âge, qui paraît impossible à déterminer. Ses cheveux épais et ondulés viennent tomber dans le bas de son cou, avant de remonter pour chevaucher le col de ses vêtements, pour venir chuter en lourdes vagues sur son torse, mais aussi jusqu’au bas de son dos. Le front est dégagé et surmonte deux longs et fins sourcils, eux aussi de tons divers. Ils soutiennent le regard froid et impassible de notre hybride. Dans des écrins d’ivoire que forment ses yeux, des pupilles brillantes comme deux couronnes dorées, sertis joyaux sombres et profonds comme les abysses. Ces deux yeux inhumains encerclent un nez d’une perfection artistique, fin et droit, percés de deux fentes vibrantes à mesure qu’Alucard respire. Ses joues fines et creusées forment les parois d’une cage dont la double-porte est formée de lèvres du même teint que sa face, comme si le sang ni circulait pas. Ce boudoir renferme des dents ivoires, d’une blancheur immaculée, qui au garde-à-vous protègent une langue de velours et de rubis. Proéminent dans cette dentition des canines, un trait qui n’est rien d’autre qu’un sombre héritage de son maudit père. La mâchoire, imberbe, est acérée mais émaciée et se conclut par un menton pointu.

Intéressons-nous ensuite au style vestimentaire du demi-vampire. Il est pour le moins singulier et tout aussi paradoxal que sa condition. Comme son porteur, l’habillement est formé de plusieurs couches, qui seront ici décrites en détail. Son torse porte d’abord, en première couche, une chemise blanche, ce qu’il y a de plus classique. Par-dessus on y trouve un gilet noir aux bordures argentées et dont les boutons ont été remplacés par des fermoirs d’aciers. Ce gilet est porté par-dessus un pantalon noir, le tout recouvert d’une ceinture taillée dans un épais cuir brun et scellée par de l’acier. S’y rattachent aussi deux chaînes. Une première, plus épaisse, part de sa droite vers la gauche et vient lier son fourreau noir et ciselé d’argent. Une seconde à sa droite vient, elle, remonter dans son manteau et est reliée à sa montre à gousset. Le manteau, parlons-en. Il vient tomber jusqu’au bas des cuisses et est tail comme un manteau militaire, à double boutonnière, bien qu’il le laisse ouvert. La base est d’un noir profond, avec des enjolivures tissés d’un fil d’or. Les boutons sont ornés et eux aussi dorés. Le col est haut, replié et vient cerner son visage. Les manches s’enfoncent dans deux gantelets de la même matière et aux mêmes motifs, qui remontent jusqu’au haut de ses avant-bras, quelques centimètres sous le coude. Une cape sombre, d’intérieur blanc, fermée par une chaine de métal, avec un col lui aussi extrêmement haut et replié, retombe sur ses épaules et dans son dos, jusqu’à ses chevilles. Il porte de hautes bottes noires en cuir, avec des talons le grandissant davantage. Ces chausses remontent jusqu’à ses genoux, avalant son pantalon. Cette tenue qui ne semble pas adaptée pour le combat ne gêne pourtant en rien le dhampire.

Le fourreau protège une lame unique, sans nom. Il s’agit d’un trésor laissé à Alucard par sa mère. La lame est d’une largeur raisonnable et elle est faite pour être maniée d’une seule main et fait des ravages dans les doigts, longs, fins et gantés de notre protagoniste. Le pommeau et la garde sont dorés, mais ne sont pas sertis. Cette forme de simplicité qui révèle aux yeux experts que cette lame n’est pas un sabre d’apparat, mais bien une épée de soldat. Outre cela, Adrian s’est servi, dans ses aventures, de nombreuses armes, si bien qu’il serait trop long de les décrire toutes en détail. Cependant, nous prendrons le temps de décrire son égide. Le bouclier est un écu. Son contour est d’acier, riveté de vis dorés. Une croix noire, aux contours d’or, orne l’intégralité du bouclier. Cette croix traverse une bête monstrueuse de face, à la gueule de loup, au collier, aux yeux, aux dents et aux griffes d’or, dévoilant une queue et une paire de pattes dans la partie inférieure du bouclier. Dans la partie supérieure, on trouve une paire d’ailes semblables à celles des chauves-souris.

Alucard, malgré son accoutrement est un être à la fois discret et élégant. Son pas est léger, presque fantomatique, si bien qu’il est impossible de l’entendre entrer dans une pièce ou même y vagabonder. Son souffle est presque éteint et imperceptible. C’est quelqu’un de silencieux, économisant chacun de ses mots comme un avare ses pièces, mais sa voix est grave et imperturbable. S’il n’est pas un orateur généreux, chacune de ses phrases renvoient de lui un personnage déterminé, charismatique et sage. Lui-même dégage une aura teintée de mystère et d’irréalisme, comme si on pouvait percevoir qu’il s’agissait d’un être occulte, tout droit issu d’un demi-monde obscur. Il peut aisément se faire passer pour noble, de part son éducation et son comportement, arborant une politesse révérencieuse et une majesté presque stérile. Enfin, chacun de ses gestes est leste, harmonieux et semble avoir été travaillé des centaines voir des milliers de fois, comme les répétitions d’un artiste, afin d’atteindre le mouvement le plus précis, le plus juste et le plus beau qu’il soit possible de créer.

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