Une arrivée à Horizon tumultueuse

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C'est dans un flash de lumière que tout commença. Ce flash vomit un monstre venu d'ailleurs : Mannfred von Carstein. Cet être d'outre tombe, violant les règles de la vie, abomination s'il en est, était pour l'instant surtout lancé à quelque mètres dans les airs après une traversée plus que tumultueuse dans un tunnel étrange. Il retomba dans une pile de gravats et d'immondices qui semblaient venir d'époques différentes. Ici, l'atmosphère était étrangement moins oppressante que dans son monde : il faut dire qu'elle était libre des miasmes putrides qu'exaltaient les sombres rituels de son maître. Il vit le beau ciel bleu et les nuages moutonneux, ce qui lui procura un sentiment de nostalgie, un retour à l'enfance. Il se voyait à nouveau quelques siècles en arrière, chez lui, dans sa campagne. C'est presque à regret qu'il se rendit compte qu'il ne se rappelait plus du visage de ses parents, maintenant morts depuis longtemps.

« Ah, vindioux ! Diantre de... Rah ! »

Ces imprécations militaires fusèrent alors qu'il trébuchait sur cette instable pile de gravas et roulait jusqu'en bas, sonné. Soupirant, il resta allongé un moment, profitant encore un peu du dépaysement qu'il ressentait déjà. Il vérifia également qu'il n'avait rien de cassé, ce qui aurait été dommage. Son armure semblait toujours en place, bien que cabossée ci et là. Son casque n'était pas cassé, c'était le plus important. Il vérifia ses fidèles lames, pendant de chaque côté de ses hanches. L'épée du côté de sa meilleure main, la droite, était intacte. La lueur de l'enchantement était réduite mais elle semblait toujours fonctionner et le tranchant était parfait. La seconde, elle, du côté gauche, était en piètre état... La lame avait été fragmentée et la magie avait disparue. Il doutait que sa dernière chute aurait pu faire bien plus que la tordre : c'est le passage dans la faille qui lui avait été fatal. Il lui fallait maintenant se repérer et prendre des décisions. Il n'avait pas besoin de provisions ou d'endroit pour dormir, ce qui était un plus, mais pour mener à bien sa mission, il devrait trouver un endroit fixe d'où partir pour explorer et tâter le terrain. De nombreuses questions restaient en suspend, comme celles du langage ou des créatures qui pouvaient vivre en cet endroit. Promenant son regard autours de lui, il pouvait déjà observer de gigantesques structures de différents matériaux, comme si elles n'avaient rien à voir entre elles. S'agissait-il de cathédrales de verre et d'acier, offrandes à des dieux cupides par leurs riches fidèles ? Les tours d'une communauté de puissants sorciers ? Il ne semblait pas que démarrer par ici soit une bonne idée. Au contraire, il y avait un endroit où les bâtiments étaient d'une taille plus modeste qui se trouvait un peu plus loin et qui était plus à son goût. Soupirant de regret la perte d'une de ses fidèles lames -il les enchantait lui même, dans son monde-, il décida de se mettre en route sans plus attendre. Il avait déjà perdu assez de temps avec ses rêvasseries et aurait été sévèrement puni pour cela s'il avait été pris par son Maître.
Sa chance ne l'avait tout de même pas abandonné. Alors qu'il promenait son regard sur ses alentours, en marchant vers son objectif, il repéra une architecture qui lui était étrangement familière. Il n'était pas sûr de lui, mais cela ressemblait au village qu'il avait quitté juste avant -il pensait l'avoir quitté juste avant, faute de savoir combien de temps prend le voyage par la faille- et pouvait alors abriter des citoyens de son monde, s'ils avaient survécu. Si c'était le cas, il serait reconnu, car son apparence était connue dans son monde entier par les humains qui le redoutaient et les morts vivants qui se rappelaient souvent de lui comme le faucheur qui avait pris leur vie. Plein de l'assurance que lui donnait son rang, il poussa la porte de bois sans frapper, sûr d'y trouver quelqu'un. Il y avait en effet, à cette heure, une famille humaine. Pas d'homme, mais quelques enfants et une femme. Alors qu'il y régnait un certain vacarme avant son entrée, la scène était maintenant figée dans le silence, comme une peinture. Il se tenait dans l'encablure, son regard flamboyant les fixant avec insistance, tandis que la famille hésitait entre les cris et l'évanouissement. Objectivement, pour un humain normal, la vue d'une armure aussi terrible, l'entrée d'un homme en arme chez soi pouvait déjà procurer cette peur pour sa vie, mais Mannfred prit ça pour une confirmation qu'ils le connaissaient au moins de nom. Il s'introduit :

« Bonjour, citoyens. Je suis Mannfred von Carstein, second du Grand Maître du Royaume d'Outre Tombe. Je suis en mission pour Sa Majesté de ce côté de la faille et je requiers votre aide immédiate dans ma quête. » Devant leur manque de confiance évident, il ajouta froidement : « Ma mission ne consiste pas dans le recrutement de nouveaux éléments, n'ayez crainte. Je vous épargnerai si vos réponses me satisfont. »

En réalité, il n'était plus très confiant en sa propre capacité en nécromancie et préférait ne pas gaspiller de vie qu'il ne saurait relever. Les sorciers du Maître ne tarderaient pas à rejoindre ce côté. Eux pourront recruter. Cela ne parut pas leur délier la langue tout de suite. La femme fit passer les enfants dans la pièce d'à côté, sûrement pourvue d'une ouverture pour qu'ils puissent fuir, puis s'assied tranquillement et repris son ouvrage de tricot, comme acceptant son destin. Elle se sentait déjà morte. Si Mannfred ne savait décider s'il s'agissait de courage ou de lâcheté, il décida de poser tout de même ses questions. Elle ne savait que ce que son mari et ses voisins lui avaient raconté, mais c'était déjà une grande aide. Ses connaissances étaient maigres car elle non plus n'osait pas se rendre en ville, mais son mari lui avait dit qu'on y trouvait mille merveilles, à un prix qu'il ne valait mieux pas énoncer. Ils y vendaient les pauvres récoltes que la faille avait avalées mais épargnées à moitié. Enfin, elle savait que des caravanes passaient par ici régulièrement, en provenance d'une terre centrale du continent, au sud d'ici. Là, sûrement, il y aurait plus d'informations pour lui et il devrait s'y rendre. Mannfred pressentait que cette femme voulait surtout l'éloigner, mais il n'avait rien de mieux à faire, de toute façon. Au pire, il pouvait revenir et la punir en conséquence si elle avait menti. Il la remercia et pris congé sans un mot.

N'ayant pas de monture, son voyage lui pris plusieurs jours de marche sans relâche. Il ne voulait pas prendre le risque de trop se montrer dans la ville gigantesque, qui l'inquiétait pour être honnête. Il était de toute façon sans le sou et ne voulait pas vendre ses affaires. Il ne rencontra pas non plus de faune dangereuse sur son chemin, ce qui le conforta dans sa première impression d'un monde parfait pour la conquête, pour son Maître. Il dû faire le voyage d'une seule traite car il n'avait pas envie d'être pris par surprise par des bandits ou des animaux qu'il n'aurait pas encore vu et il était seul, personne pour monter la garde. Étant donné qu'il n'avait pas besoin de feu, il aurait pu être discret, mais c'était trop de risque pour lui. En tant que non vivant, il pouvait encore tenir très longtemps de toute façon.
Il arriva éventuellement devant un paysage un peu plus familier. L'endroit était inhospitalier, froid, dur. S'il apercevait des champs au loin, Mannfred remarquait d'abord l'agressivité des roches, leur couleur ocre, le ciel sombre. Et, au milieu de tout ça, un village aux allures similaires à ceux qu'il a pu connaître par chez lui. Ici, pas d'édifices gigantesques, pas de tour de verre, mais de bonnes vieilles chaumières que l'on peut deviner peuplées de gens modestes. Il se dirigea par là.

En se rapprochant, il remarqua qu'en réalité, il y avait bien un édifice plus grand que les autres, mais d'un caractère classique. Une cathédrale. Grande, gothique, ses gargouilles jugeant les piétons de leur perchoir, avec leur petits yeux perçants. Mannfred décida de faire un tour en ville, en arrivant, mais son regard était toujours rattrapé par cet endroit qui l'intriguait. Qui pouvait bien être vénéré dans ce monde ? Il lui fallait des réponses. De plus, il ne faisait pas attention à là où il allait et avait bousculé des gens. Son apparence effrayante l'avait sauvé des troubles, mais par le caractère central de cet endroit, il devait abriter de puissants guerriers, il valait mieux rester discret. Et pour cela, sortir la cathédrale de son esprit et s'y rendre, tout simplement.

Il en poussa le lourd battant. Elle semblait ouverte aux dévots mais aucun sermon n'était en cours. Mannfred réfléchit une dernière fois avant de pénétrer dans ces lieux saints : c'était un peu bête de sa part de rejoindre la maison des dieux alors qu'il défiait leurs règles par son existence même. Un fin sourire plein d'ironie se dessina sur son visage, sous son casque, lorsqu'il pénétra quand même dans le bâtiment. Qu'importent les dieux ! Bientôt, son Maître régnerait sur toutes les terres et le Ciel ne pourrait rien contre lui. Les religieux et les adeptes ne semblaient pas trop lui payer d'attention, bien que ses grèves d'acier résonnaient assez fort sur le sol, le son se répercutant ensuite dans ses voûtes. Mannfred n'était pas satisfait, il ne comprenait pas quelle était la nature du culte qui était voué ici, ni son utilité. Il fit les cent pas en essayant de comprendre, ce qui finit de déranger tout le monde, surtout qu'il était armé et que cela inquiétait encore les gens. Lorsqu'il remarqua que certaines personnes hésitaient à s'approcher de lui et à lui demander quelque chose, sûrement de partir, il s'arrêta, faisant claquer ses talons une ultime fois, mais particulièrement fort, fixant dans les yeux celui qui semblait être le plus important.

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La victoire avait semblé être juste à portée de main, il n'aurait eut qu'à tendre les doigts mais non, tout avait changé à la dernière seconde, la donne avait été troublée et à présent le voilà ailleurs. Cela l'énervait, profondément, sa rage s'amplifia alors que le vortex le recrachait ailleurs... Un vortex ? Comment était-il au courant de ce genre de choses ? Cela méritait d'y réfléchir quelques instants mais il n'eut nullement l'opportunité de s'arrêter et de méditer, tant de choses s'offraient à lui alors qu'il portait son regard sur la zone environnante. Son objectif n'avait pas changé le moins du monde, il devait toujours retrouver la traîtresse à présent manchote et la vaincre en duel. Sa colère monta encore d'un cran alors qu'il repensait au visage de la femelle qui méritait la mort pour sa veulerie et ses tentatives répétées de manipuler tout mâle puissant autour d'elle. Gorro s'imagina déjà en train de lui perforer le cœur, de serrer ses mains autour de son cou ou encore de la torturer lentement avec des outils de morts si beaux qu'ils en faisaient presque oublier leur funeste usage.

Un lent sourire s'étalant enfin sur le visage défiguré du seigneur noir, Gorro se détendit, un peu. Il balaya encore de son regard rougeoyant comme des braises la zone alentour et décida de se mettre en marche : manifestement, rien ici ne pourrait l'aider vu le peu de population manifestement active présente ici. N'ayant aucune destination précise en tête, il haussa simplement les épaules, vérifia ses lames et avança encore. Son pas régulier et infatigable aurait dû le mener loin mais... Ahem, Gorro avait un léger soucis, généralement peu handicapant mais qui ici se révélait être un obstacle majeur : son sens de l'orientation devait figurer en bonne place dans le classement des plus mauvais de toute la galaxie ! Du coup, il se retrouva à hanter une zone certes assez étendue mais sans jamais sortir de ce qui s'appelait la ''zone neutre''. Il connaissait le nom de la zone grâce à un couple d'aventuriers de passages : la femme avait finit par lui révéler quelques précieuses informations après avoir perdu les deux jambes dans un duel à mort... Le mari n'avait pas eut autant de chance. Cela risquait fort de lui causer quelques soucis de tuer des gens comme cela mais Gorro n'en avait cure : il n'avait pas reculé d'un pas devant des créatures qui feraient hurler de terreurs les plus braves guerriers mortels et avait défait à lui seul des légions d'ennemis... Qui ici pourrait le vaincre ?

Ce pêché d'arrogance était très commun chez les Sith mais une petite partie de l'esprit tactique du duelliste le ramena à la réalité : ici, ce n'était ni Korriban ni même Dromund Kaas... Des choses pourraient encore le surprendre et peut-être même se révéler plus puissante que tout ce qu'il avait déjà affronté. Cependant, cette hypothèse confinait avec le ridicule ! Il avait déjà éliminer des Hiiss alpha, des dragons Krayt et même un Rancor de guerre dressé par les maîtres des bêtes Hutt ! Rien ici ne pouvait décemment égaler ces monstres gigantesques. Remarquant avec colère qu'il était-encore-revenu à son point de départ, Gorro frappa une pierre de sa botte et siffla entre ses dents. L'envie subite de détruire tout à coup de sabres laser fut très forte l'espace d'un instant mais il réprima cette colère sans but pour préserver une étincelle de cette rage en vue d'une future confrontation.

Après tout n'importe quel idiot pouvait être en colère mais l'utiliser tel un moteur, telle une force sublime et utile... C'était une tout autre paire de manches. Un exercice de respiration Sith lui fut très utile en vue de se calmer les nerfs tout en stockant la puissance de sa rage toute récente. Reprenant sa marche, l'homme sentit le vent se lever : plissant des yeux et tournant la tête sur la droite, il sentit comme quelque chose qui l'appelait. Souriant en coin, Gorro identifia cet appel comme une émanation du côté obscur... Tout n'était donc pas perdu pour ce monde insipide et inutilement vaste ? Au fur et à mesure qu'il s'élançait en direction de l'appel, d'autres rafales de ce vent méphitique firent volter sa jupe de combat, son kama. Sentant le vêtement battre autour de ses cuisses et de ses mollets tel un animal furieux, Gorro sourit plus franchement... Un combat l'attendait-il ? D'autres personnages de son univers étaient-ils là ? Ah moins que ce ne soit la donzelle au bras tranché qui l'appelait pour finir ce qu'ils avaient commencés ? Non, elle ne serait pas assez folle pour le défier en étant si affaiblie !

Accélérant le pas, il accéda à une autre zone et surtout à une... Cathédrale ? Y entrant sans attendre, il plissa ses yeux rouges dans la pénombre et vit les prêtres... Des prêtres ? Ces idiots dénués de courage vénérant des dieux muets et faibles ? L'envie du colosse faillit le pousser au massacre irréfléchi mais il calma son âme qui se rebellait face à ce spectacle de stupide piété... Même les jedis valaient mieux que ça, eux au moins acceptaient de prendre les armes, aussi faibles qu'ils soient. Plusieurs ecclésiastiques voulurent le faire sortir mais lorsqu'il souleva un des prêtres par la gorge, manquant de lui briser tous les os, ils se calmèrent. Il vit cependant un ou deux moines discuter vivement entre eux, probablement pour convenir de la marche à suivre à son égard... Pitoyables vers !

Allant s'asseoir à l'écart, le seigneur Sith se mit à genoux sur le carrelage glacé du lieu saint : pervertir toute cette atmosphère par les putrides voies du côté obscur serait si amusant mais non, il préféra se reposer et méditer. Peu de temps après cette décision, des bruits retentirent... Venait-on déjà tenter de le chasser ? Fort bien, il avait encore de la rage à revendre ! Redressant la tête puis se relevant tout à fait, le colosse examina le nouveau venu, à l'entrée de la chapelle. Marchant vers lui, il s'arrêta sans mot dire devant lui et l'observa... Serait-ce un de ses comparses Sith ? Peu probable mais ça ne coûtait rien de demander, la mise à mort pourrait venir juste après :

-Qui est-u donc ? Un autre Sith expulsé de Korriban pour t'échouer sur ce vaste monde insipide ? Tu as l'air particulier, je ressens le côté obscur et la puissance en toi...

Evidemment, corruption, nécromancie, mal à l'état pur, c'était du pareil au même pour Gorro. En analysant l'homme, il ne vit nulle arme laser sur lui et dû convenir qu'il ne s'agissait probablement pas d'un Sith. Pourtant seigneur noir ou pas, une seule issue conviendrait à Gorro... L'affrontement. Posant les mains sur ses sabres jumeaux, il ses prit en main et les alluma, faisant retentir le son si caractéristique et vorace de ses deux lames. Les gardant pour le moment le long du corps, Gorro patienta : si son alter égo prenait les armes, ça mettrait au moins un peu d'animation en ce jour si morne...

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Trêve de bondieuserie, il y avait mieux à faire. Un étrange personnage, au moins aussi sombre que lui même, venait d'accoster Mannfred et quelque chose lui chuchotait qu'il ne s'agissait pas d'un homme d'église ! Ou alors d'un autre genre... En effet, avec ses années d'expérience, le mort vivant était capable de reconnaître un guerrier instinctivement. Ces muscles, cette posture, cette attitude : ces signes ne mentent pas et ils criaient que l'individu avait lui aussi de l'expérience. Ce qui étonnait le plus le revenant, au final, c'est de ne pas l'avoir vu tout de suite, puisque de toute évidence le guerrier était rentré dans la cathédrale avant lui. C'était peut être aussi pour ça que les prêtres étaient un peu dérangés, au final. Deux hommes de cette stature qui se font face ? Ils ne doivent pas voir ça tous les jours ! Des hommes en arme en plus ! Enfin, cela n'avait pas énormément d'importance. Ces frêles agents du divin étaient les ennemis des revenus d'outre tombe, que leur gêne pouvait bien faire à Mannfred ?

Ce dernier contemplait son ténébreux semblable de l'autre bout d'un banc, sur lequel des dévots inquiets lançaient des regards d'un côté puis de l'autre afin de savoir s'il valait mieux déguerpir maintenant ou tout de suite. Leur problème ? Ils avaient sûrement peur que le moindre mouvement ne brise la glace, que ce temps figé où deux guerriers qui savent ce qui les attend bandent leurs muscles et s'apprêtent à bondir sur leur adversaire ne cesse, déclenchant une tornade qui ne laisserait pas cet endroit intact. Au final, ces simples humains n'eurent rien à faire et le temps repris son cours lorsque le sombre personnage interpella le mort vivant enfin. Mais Mannfred ne comprenait rien à ce qu'il lui disait, ces noms étranges que « Sith » ou « Korriban » n'avaient aucune signification pour lui. Le reste, par contre, était clair comme de l'eau de roche : cet étrange personnage n'aimait pas le monde dans lequel il avait atterri et il avait deviné la nature de Mannfred. Singulier pouvoir que celui ci !

Cet homme était d'ailleurs plein de surprises, puisqu'il sorti ensuite des artefacts étranges, bâtons d'aciers d'où sortirent quelque chose d'inconnu... Un faisceau lumineux ? Définitivement singulier ! Un doux bruit, comme le chuintement d'une lame qui ensuite ronronnerait, s'en dégagea. Lorsqu'il prit ensuite sa pose, le revenant devina que ces choses étaient ses armes ! C'était juste ce qu'il lui fallait, tester sa force depuis son passage dans la faille. Puis deux guerriers n'ayant pas le même but se retrouvant dans le même endroit n'ont d'autre choix : ils doivent se battre, pour leur survie et celle de leurs idéaux ! Le revenant pris quand même la peine de répondre quelques mots de sa voix rauque aux remarques qui lui furent adressées :

« Je n'entends rien à ce que vous me racontez. Ces noms étranges ne veulent rien dire, mais que vous importe cette terre ! Ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle n'appartienne à mon Maître. »

Il ne fit pas de commentaire sur sa propre obscurité : ç'aurait été inutile et inadapté. À la place, il sortit sa propre lame dont le léger halo rouge ne pouvait pas rivaliser avec l'éclat de celles de son adversaire. Il voulut sortir sa deuxième lame, mais il avait oublié qu'elle était brisée et qu'il l'avait jetée. Décontenancé un instant par ce problème, il se ressaisit et attrapa à la place sa longue épée à deux mains, changeant sa posture en conséquence. Il n'était pas à son potentiel maximum dans ces conditions, mais qu'importe ! Là sont les aléas de la guerre, des champs de bataille, du combat ! Si on s'attend à toujours se battre en armure brillante et polie avec son arme favorite, autant devenir chevalier et parader dans les cours des Rois ! Les vrais guerriers étaient ceux dont l'armure abîmée avait vu le combat en dehors des sentiers battu, ceux qui savaient faire feu de tout bois ! De plus, avant d'essayer des poses innovantes et excentriques, il fallait maîtriser les bases ; les bases, c'est le combat simple avec une épée unique.

Une fois qu'il fut prêt, sans attendre plus, il expulsa du pied le banc qui se trouvait entre les deux guerriers et qui abritait plus tôt les dévots. Si l'un d'entre eux était parti, l'autre devait venir de s'en rendre compte seulement maintenant car il était ébahit, debout entre les deux antagonistes, ne sachant où se mettre. Mannfred lui donna une indication aimable : il courut vers lui et lui asséna un violent coup d'épaule qui propulsa le faible personnage vers le guerrier aux sabres rouges. Le revenant comptait bien utiliser à son avantage tous les éléments qui se trouvaient ici pour vaincre, pas de duel d'honneur pour lui ! Il attendait la réaction de son adversaire au tournant, car il suivait de près son bouclier humain, espérant déconcentrer ou gêner partiellement l'homme en armes pour frapper ensuite de sa lame !

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Les sabres du Sith émirent un bourdonnement sourd, si caractéristique, si doux et si mortels. A chaque fois, le guerrier en Gorro ne pouvait s'empêcher de ressentir un frisson de plaisir pur, extension des envies meurtrières toujours soufflés et susurrées par le côté obscur profondément ancré dans l'être présent. Façonnées avec à la fois haine et patience, maîtrise et fureur, les deux lames étaient des parties de Gorro à part entière. Certains manieurs de sabres ne rechignaient pas à changer d'arme si ils pensaient en avoir trouvé de meilleures... Pas lui. Si jamais une de ses lames venait à s'éteindre, il serait pétrifié et probablement incapable de se battre pendant un instant. Resserrant sa prise sur les gardes en acier de ses armes, le jedi noir poussa un souffle lent et profond... Le duel était là, plus le temps de réfléchir.

Et en effet il n'en eut plus du tout le luxe de réfléchir car le duel était déjà entamé et déjà, le chevalier à l'armure ténébreuse bougeait ses pièces... Qu'elles soient volontaires ou non au passage. Amusé de voir le pauvre prêtre innocent se faire bringuebaler entre eux d'eux, envoyer tel un projectile vers un mortel destin, le seigneur noir éclata d'un rire bruyant et rauque. Il aurait pu effacer la présence du servile homme de prière d'un seul geste avec ses anciens pouvoirs mais il se rendit instantanément compte qu'ici il n'y arriverait pas. Pas stupide non plus, le guerrier Sith avait parfaitement que le projectile de chair et de sang n'était nullement une attaque en elle même, juste une diversion. Puisant dans la force, il n'eut qu'une chose à penser : aller plus haut.

Bondissant avec la force, effectuant un saut périlleux, il retomba à plusieurs mètres de sa position initiale, loin à la fois du prêtre malchanceux qui alla s'étaler violemment sur un banc, tête la première, et de la charge du monstre aux yeux rouges. Croisant ses lames jumelles devant son torse, les rayon incandescent effleurant ses épaules, Gorro rompit cette pose et avança... A son tour d'attaquer. Repassant à côté de la position du moine blessé, il lui jeta à peine un regard qui terrorisa le pauvre homme déjà bien secoué : chancelant, criant comme un fou à lier, il rampa puis courut hors de vue des deux duellistes, ce qui arrangeait Gorro au passage.

Se campant sur ses position, le duelliste sentit une fois encore son kama claquer autour de ses mollets malgré l'absence de vent fort : le côté obscur se déchaînait dans cette cathédrale. Quel que soit l'issue du combat, ce lieu ne serait plus jamais le même, corrompu par la simple présence des deux êtres au cœur et à l'âme si sombres que ça en devenait magnifique. Pointant une de ses lames vers Manfred, le seigneur noir cracha sur un ton manifestement railleur :

-M'envoyer un simple mortel, un inutile insecte, comme héraut ? Allons allons j'aurai fait mieux moi, concentrez-vous donc un peu, guerrier passionnant !

A la fois une insulte et un compliment, le combat devait plaire à Gorro pour qu'il cherche à faire un petit effort de vocabulaire. Tout en gardant l'étrange personnage bien à l'œil, prêt à bouger ses pieds pour adapter sa posture en défense comme en attaque au moindre mouvement, le duelliste avisa enfin un élément intéressant. Un chandelier sur pied était juste dans l'angle mort de l'autre adversaire de ce combat dantesque, autant en profiter. De plus, qui sait, la chose que Gorro affrontait était peut-être sensible aux flammes ? Se fixant plutôt sur la partie haute de l'objet à envoyer, le Sith concentra son pouvoir bien limité et expédia un morceau du chandelier avec les bougies encore accrochées dessus dans le dos du guerrier à l'épée longue.

Sauf que, petit détail malencontreux, son action fit grincer et se tordre le chandelier, faisant résonner un bruit assez désagréable et reconnaissable... Son attaque allait-elle échouer à cause de ça ? Ah ! Si seulement il avait pu tout envoyer d'un coup sans avoir à se concentrer autant ! Quoi qu'il en soit, la scène que préparait notre guerrier aux deux sabres ressemblait étrangement à celle mise en œuvre il y a peu par Manfred : diversion puis attaque.
Le mort-vivant allait-il réagir de manière similaire à celle de Gorro ? Et bien si oui, il avait intérêt à faire vite car ce dernier bondissait derechef dans sa direction, un cri de guerre franchissant ses lèvres en plein vol alors que ses deux sabres dessinait déjà une toile lumineuse et écarlate dans sa direction, l'un tendu pour pourfendre, l'autre en retrait pour réparer une erreur si jamais il y en avait une dans sa garde. Le poids d'un mastodonte tel que Gorro qui arrivait sur quelqu'un devait être une chose dure à supporter pour quiconque mais le mort-vivant en face allait sans doute se montrer plus coriace que ça, le seigneur noir des Sith en voulait pour son argent !

Et il n'allait certainement pas être déçut... Pas si vite...

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Décidément, cet adversaire était plein de surprises ! Plutôt que de prendre le risque de s'engager dans une passe d'arme qui était à son désavantage, il bondit plus haut que n'importe quel être humain l'aurait pu pour se mettre hors de danger ! Toujours méfiant, Mannfred fit passer son épée au dessus de sa tête, en position horizontale, pour être prêt à la parade si jamais le bond avait d'étranges propriétés ou que son adversaire tentait un coup fourré. Cela ne sembla pas être le cas, il ignora tout ce qui se trouvait au sol et atterrit à quelques mètres de là. Cela amena le revenant à se demander quelle était la nature de ce pouvoir : était ce une force extraordinaire qui avait propulsé le guerrier vers le haut ou alors quelque magie ? Un artefact puissant ? Si la réponse était la première, il faudrait se méfiait plus encore : la puissance ne réside pas que dans les jambes ! Si c'était la deuxième ou la dernière, l'avis de Mannfred était mitigé : il fallait faire attention, mais dans un duel à l'épée, cela ne serait peut être pas des plus dangereux. Au final, c'est vers la deuxième ou la troisième solution que son avis balançait. Pas qu'il sous estimait la force de son adversaire, loin de là ! Mais à la manière soudaine dont il a bondit et à la façon douce dont il a atterrit, le revenant devinait quelque chose d'occulte et pas une simple force physique gigantesque. Lui même, qui était confiant dans sa force monstrueuse, ne pouvait pas faire de telles choses !

Il resta distrait dans ses pensées quelques secondes, le temps que son sombre antagoniste se prépare un peu, l'épée en position de quarte instinctivement, c'est à dire qu'il avait rabaissé ses mains pour que la lame vers le bas de son corps et inclinait la lame légèrement, de manière à pouvoir effectuer une riposte rapide et trompeuse si jamais son adversaire faisait l'erreur de l'attaquer. Il avait aussi remarqué le frêle être humain qui s'enfuyait tant bien que mal, la douleur des coups et le choc d'un tel combat lui ôtant une partie de ses maigres moyens. Il était vrai qu'un tel coup avait été un peu présomptueux, un adversaire aussi formidable ne pouvait pas tomber sur les coups d'une telle supercherie. Il avait au moins essayé ! Ce n'était d'ailleurs pas son dernier atout, loin de là.

Alors que son adversaire prenait la parole, il agrippa de sa main gauche gantée la lame de son épée et fonça. Il aimait surprendre ses adversaires qui avaient l'habitude de papoter et de fanfaronner par surprise en ne les laissant pas terminer leur discours, tandis que lui même aimait échanger quelques phrases courtes pendant une accalmie du combat, entre les pluies de coups. Celui qui parlait eut le temps de finir sa phrase le temps que Mannfred franchisse la distance qui les séparait et de préparer un sortilège, mais pas de le perfectionner, il semblait. Alors que son adversaire se rendait compte qu'il était trop tard pour finir son attaque, il bondit lui aussi, ce qui résultat en un choc fracassant qui aurait sûrement détruit des lames de moins bonne facture et envoyé balader des guerriers moins forts ! Car si le guerrier sombre était un colosse, la magie qui imprégnait Mannfred lui donnait une force surhumaine.

Un bruit de métal qui se tord s'entendait assez fort dans le fond de la battisse. Si de prime abord, il ne paraissait pas que ça ait le moindre rapport avec le revenant, savoir que son adversaire avait préparé quelque chose le fit redoubler d'effort pour pousser son adversaire avec sa lame afin de ne pas se faire avoir par ce qui se préparait dans son dos. Pour repousser son adversaire, il utilisait des techniques de demi-épée, à savoir qu'il tenait la lame de son épée dans sa main également et se servait du coup de ses deux mains pour appliquer avec force des coups horizontaux, pour essayer de faire glisser la pointe de l'épée vers le visage de son adversaire et le taillader. C'était une technique dangereuse mais qui faisait ses preuves entre deux adversaires en armure. Il était confiant, sa cuirasse pourrait au moins le protéger d'un coup de la seconde arme, car il était si proche, les techniques de demi épée permettent d'utiliser la lame dans un corps à corps très rapproché, que la longue épée de son adversaire ne pourrait pas bien toucher ses points faibles. Ce n'était pas le cas du projectile qui lui, bien que Mannfred ait changé de position, atteint sa cible d'une certaine manière. Il réussit à se glisser sous le bras droit levé du revenant, vers une partie faible de l'armure, l'aisselle, et si il ne parvint pas à s'y loger durablement, il infligea une blessure qui le fit tressaillir de douleur. Cela dit, aucun sang n'en coulait, ce qui pouvait paraître étrange aux autres, mais qui était tout à fait normal pour un mort-vivant : cela faisait trop longtemps que les nombreuses blessures, couplées au rituel qui l'avait ramené dans ce monde, avaient asséché ses canaux, il n'était maintenu en vie que par des puissances sombres qui le dépassaient. Il profita de ce moment pour répondre aux moqueries qui lui avaient été envoyées plus tôt :

« C'est fâcheux car j'aurais été fort aise que vous le tuassiez. J'aurais pu moi aussi vous dévoiler ma magie ! »

Sur ces mots, il redoubla d'efforts avec sa lame, mais, histoire de surprendre, il fit un mouvement du bas vers le haut avec sa lame, toujours tenue entre ses mains en position de demi-épée, histoire d'essayer de repousser l'épée ennemie le plus possible en déstabilisant ce dernier, puis fit pivoter son épée de manière à frapper cette fois ci avec la garde qui, dans cette position, peut aussi servir de masse ! Cette technique médiévale avait prouvé son efficacité dans les champs de bataille et les duels organisés, il l'essayait ici une fois de plus. Il serait bien plus facile d'arriver à faire tomber son adversaire pour l'achever au sol, mais vu la sombre force de l'actuel bretteur, il valait mieux y renoncer.

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Décidément, la créature aux yeux éclairés par une lueur sanguinaire ne faisait point dans la dentelle. Certes il avait fait erreur en parlant un peu trop, sans baiser sa garde pour autant, mais qu'il lui laisse dire dix mots serait quand même un minimum, un peu de respect que diable ! Ses lames se levèrent en une fraction de seconde pour se défendre car même si il devait se concentrer pour utiliser le décor à son avantage, ça ne monopolisait pas non plus toutes ses facultés mentales que certains se plaisaient à décrire comme limitées. LE choc fut assez terrible pour faire reculer le Sith, ses pieds glissant légèrement sur le sol en envoyant valser de la poussière. Un autre guerrier que lui aurait sans douté été désarmé par pareil choc mais il n'allait pas faire de même, s'incliner et mourir était quelque chose qu'il ne comptait jamais faire... Jamais.

Le duel continua et pendant un temps, le seigneur noir cru voir une ouverture mais il réprima son envie : son idée consistait à écraser les phalanges ou le dos de la main de son adversaire pour déséquilibrer la prise qu'il avait sur son épée longue. Contre un adversaire normale, ça aurait fonctionné, blesser le dos de sa main ou une autre partie fragile de son anatomie lui aurait même donné l'avantage mais face à un guerrier mort-vivant, ce raisonnement comportait des failles évidentes. En effet il ne ressentirait certainement pas la douleur de la même façon, ça, Gorro l'avait déjà comprit par lui même et puis... Et bien essayer de casser des os alors que l'adversaire portait une armure complète et probablement résistante avec le manche en métal d'un sabre laser n'allait pas être chose facile. Manquant de pousser un soupir de déception, Gorro le retient quand sa cible tressaillit sous l'arrivée du projectile... Voilà qui était fait et qui lui permettait de ne plus avoir à se concentrer sur une autre chose que le combat.

Une fois encore, Manfred le surprit par des techniques de duel d'un autre temps que le sien : à vrai dire si son coup digne d'un barbare armée d'une massue n'était pas très classieux, il avait au moins le mérite d'être efficace. Pourtant le Sith avait nombre d'atouts dans sa manche dont une agilité certaine développée au fil du temps par la pratique des arts de la guerre. Il réussit donc à se décaler, abandonnant par le même biais une contre-attaque qu'il avait préparé et qui serait passé sous la lame de son adversaire. C'était juste un contretemps cela dit et puis il allait révéler une autre carte de son arsenal : le cri de force. C'était peut-être un peu tôt pour lancer des informations à son sujet dans un duel qui s'annonçait palpitant mais mieux valait ça que de laisser à l'autre parti une nouvelle opportunité de lui fracasser le crâne... Déjà que celle là était passée très près.

Gonflant ses poumons tout en s'imprégnant de la force obscure qui lui donnait vitalité, volonté et puissance, l'utilisateur de cette énergie sans limites qu'était la force propulsa l'air contenu dans ses poumons, air qui gonfla en se chargeant d'énergie dans sa gorge. Sentant ses cordes vocales vibrer douloureusement, le duelliste comprit qu'il était temps de cracher la mort... Au sens propre. L'onde sonique sortit de devant Gorro, soufflant les bougies proche et frappant Manfred de plein fouet. Le guerrier noir n'avait aucun moyen de savoir si cet atout avait affecté normalement l'autre guerrier mais il estimait que ça allait au moins le stopper net et lui permettre de porter des coups... Ce qu'il ne s'empêcha pas de faire aussi tôt !
Ne laissant pas une seconde de récupération à son adversaire, le seigneur noir des Sith fonça, les deux sabres venant horizontalement des deux côtés dans un mouvement de ciseaux. Le résultat était simple : soit il frappait Manfred de chaque côté et le blessait, soit il frappait sa lame au même endroit des deux cotés et pourrait bien la briser ou... Ou bien il laissait une large ouverture au niveau de son torse le temps qu'il remue les bras pour refermer le mouvement morte.

Tout un éventail de possibilités... Et qui disait qu'il n'y en avait pas encore d'autres ?

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Malgré sa force et ses efforts, Mannfred peinait à prendre un avantage décisif dans ce combat. S'il sentait qu'il pourrait venir petit à petit à bout de la résistance de son adversaire avec les coups de boutoir monstrueux qu'il assénait, ce n'était pas assez. De plus, il avait été blessé en premier, ce qui était un certain désavantage. Heureusement, c'était son côté gauche qui avait été blessé, donc la douleur ne le gênait que peu. Un guerrier moins résistant, plus... mortel, aurait sûrement été bien plus sérieusement désavantagé : cet endroit était important et saignait abondamment, chez les créatures de chair et d'os classiques. Le revenant n'y accordait pas une très grande réflexion. S'il l'avait fait au début de sa non vie, c'est à dire comparer son état avec certains aspects de la vie, il y avait bien longtemps que son corps ne l'étonnait plus. Puis de toute façon, si son état ne s'aggravait pas, cette blessure aurait disparu le lendemain grâce à sa régénération magique.

Tout de même, il ne savait pas si c'était sa propre force qui était devenue ridicule ou si son adversaire était particulièrement coriace. Il y avait certainement un peu des deux, car sans doute son adversaire avait dû subir la même ordalie que lui et perdre la plupart de son potentiel. Peut être alors n'aurait-il pas résisté à la force brute dont peut faire preuve un mort vivant amélioré par la magie, mais les sorts de cet étrange guerrier auraient peut être été tels eux aussi que Mannfred n'aurait pu l'approcher sans sacrifier un bon nombre de soldats morts vivants pour le fatiguer un peu avant !

Dans un coin de sa tête, le guerrier mort-vivant trouva d'ailleurs bizarre qu'aucun être humain ici présent ne soit allé chercher la garde ou du moins quelqu'un pour essayer de les arrêter. En étaient-ils arrivés à la conclusion que personne n'était ici assez fort pour les arrêter et qu'il valait mieux les laisser faire leur affaire et les voir partir ? Ou alors peut être que personne n'en avait quoi que ce soit à faire, ce qui était d'autant mieux, mais connaissant le respect des vivants pour les divinités, c'était peu probable... C'était la première solution, ou une dernière : on attendait que l'un soit éliminé par l'autre pour que, fatigué, le vainqueur soit ensuite battu par le nombre ! Il fallait garder cette idée dans un coin de son esprit pour plus tard et ne pas se faire avoir, peu importe l'issue du combat.

Il était apparent que le sombre guerrier qui faisait face au revenant ne connaissait pas ce style de combat à l'épée, pourtant courant dans le monde d'origine de celui qui l'utilisait. Cela venait sûrement de la nature de ses lames, il ne semblait pas possible de les attraper à la main pour les manier comme Mannfred le faisait avec la sienne. Et puis en plus il utilisait certainement tout le temps ses deux lames, rendant la technique inutile. Tout de même, réussir à l'anticiper sans jamais l'avoir vu à l’œuvre, c'était une preuve de grande compétence au combat !

Devant l'échec de cette stratégie, le médiéval mort vivant reprit son épée de manière normale, à deux mains sur le manche pour de nouveau faire pleuvoir les coups. Les deux armes du sombre guerrier lui donnaient un petit avantage, malgré la maîtrise des fondamentaux de Mannfred qui réussissait à résister et à continuer à menacer son adversaire. Lorsque ce dernier se décala sur le côté, le premier para en prime, la garde au niveau du visage, lame vers le bas, pour protéger son côté faible d'aussi près. Mais il semblait que ce décalage était, tout en un, une esquive et une préparation pour son prochain tour. Cela serait-il encore un sortilège de télékinésie ? Il ne voulait absolument pas lui laisser le temps de se préparer, encore une fois, mais il ne pouvait pas se décaler assez vite pour asséner un coup à temps ! Son armure le gênait dans son entreprise ! Quand il pu enfin faire face à son adversaire, Mannfred reçu un coup phénoménal auquel il ne s'attendait pas du tout : un cri si puissant qu'il était plus fort encore que celui des gigantesques abominations que certains officiers montaient au combat dans l'armée de son maître ! Ceci le désorienta un moment, le laissant dans un équilibre précaire car si ses organes internes sont un peu des décorations, les organes sensoriels, eux, sont importants, et ses oreilles internes étaient toutes retournées ! Une sensation désagréable de nausée, en plus de la douleur, le pris, mais il n'avait pas le temps d'y penser. Son corps surpassait les limites des pauvres humains ! Il ne pouvait se faire avoir comme ça ! Il voyait d'ailleurs que son adversaire, ne perdant pas de temps, lui avait préparé un traquenard sous le forme de ciseaux avec ses lames. Dans son état, Mannfred n'avait le temps ni de reculer suffisamment pour s'en sortir indemne, ni d'attaquer dans un élan suicidaire qui lui bénéficierait puisqu'il était déjà mort. Il fit la seule chose qui lui parut sensible : il asséna, par dessous, un monumental coup de pied à son adversaire afin de les éloigner suffisamment l'un de l'autre pour qu'il reprenne ses esprits et remettre en place le statut quo. Il espérait avoir agi assez rapidement pour ne pas souffrir de blessure, mais il n'était sûr de rien, avec cette satané désorientation !

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Le cri avait fait pas mal de dégâts au monstre mort-vivant, Gorro en était satisfait. Il avait eut peur que ses pouvoirs se révèlent être aussi faible que ceux d'un apprenti, aussi tâtonnants que lorsqu'il avait découvert la force en lui et s'était adonné timidement à quelques exercices. Heureusement pour lui, ce cri de force semblait encore être au bon niveau mais il était presque le seul dans ce cas ! Normalement, il aurait pu soulever cette église toute entière d'une seule main et la lancer à la tête de quelqu'un mais manifestement il ne pouvait rien soulever de plus lourd ou volumineux qu'une grosse pierre. Il y avait de quoi y ressentir de l'amertume mais à ce moment précis ça ne comptait pas vraiment car il devait presser son avantage et terminer ce combat !

Comme il s'en était un peu douté, l'autre guerrier, bien que déstabilisé, réussit à sortir un as de sa manche... Persistant que cet être non-mort ! Pour un peu il l'apprécierait ! Percuté par sa botte au niveau de l'abdomen, Gorro recula en expulsant l'air de ses poumons : comme il s'en doutait, son adversaire gardait une force physique constante et peut-être supérieure à la sienne au passage. Serrant les dents mais malgré tout contrait d'expulser l'air de ses poumons, le guerrier sith recula... Non, plus que ça même. Trébuchant sur l'arrête d'une des pierres du sol déchaussée par le temps et le passage humain, Gorro manqua de perdre l'équilibre. Se demandant brièvement ce qui serait le pire entre perdre sa crédibilité et avoir ridicule en trébuchant ou bien carrément se vautrer par terre et mourir car Manfred ne perdrait pas cette occasion en or, le seigneur noir sentit sa colère monter.

Il ne voulait ni se faire passer pour un bouffon ni mourir de manière si stupide ! Utilisant une nouvelle fois la force, Gorro ne pu la concentrer assez vu sa situation pour sauter du coup il réussit à se propulser légèrement pour ne pas chuter et recula comme si il glissait sur un rail et percuta un des larges bancs en bois très peu confortable. Pourtant Gorro ne s'en plaignit pas, il n'était pas à plat sur le dos comme un idiot et se permit même de provoquer le chevalier. Levant légèrement la main, gardant son sabre laser coincé dans sa paume, il leva deux doigts puis les fit se courber à plusieurs reprises, lui faisant signe de venir. Bon dans une autre situation ça aurait sans doute prit un autre sens mais Manfred n'était pas une femme et ils n'étaient pas dans une chambre à coucher. Se redressant d'un bond, les deux sabres à nouveaux prêt, l'utilisateur de la force voulut faire un pas en avant mais sentit soudain un danger. Plus instinct primaire que murmure du côté obscur qui l'enveloppait, ce sentiment se fit plus fort et Gorro entendit enfin les bruits de bottes tout autour d'eux.

Trop concentré sur le duel, il n'avait pas vu la garde approcher, vêtus de tabards avec un symbole religieux inconnus et armées d'épées, de lances, d'arbalètes et d'hallebardes brillantes. Les tireurs lancèrent d'ailleurs une volée de carreaux sans laisser le temps à Gorro de parler ou d'avertir Manfred. D'un revers de sabre, Gorro dévia quatre carreaux en effectuant un arc parfait de son sabre. Cela impressionna légèrement les guerriers en approche et le seigneur noir des Sith en profita pour laisser parler sa colère :

-COMMENT OSEZ-VOUS VERS ? DU BALAIS !

Les guerriers ne fuirent pas cependant et le seigneur noir dû en tuer une poignée avant d'avoir un espace vital suffisant. Une nouvelle volée de carreaux approcha et le Sith utilisa le dernier homme moribond comme bouclier, le tenant par le col pour le placer sur la trajectoire des projectiles meurtriers. Le cadavre tressauta de manière ignoble plusieurs fois mais Gorro n'en eut cure. A la place, il arma son bras gauche et lança son sabre laser tel un petit javelot, fauchant un guerrier à droite de ce qui semblait un grand prêtre.

Ce dernier couina de peur en voyant son garde du corps transpercé d'une lame écarlate mais il resta sur place, confiant en son garde restant. Se fendant et esquivant, Gorro réussit à éliminer d'autres gardes, sans se demander ce qu'il en était de son ancien adversaire. Voyant un guerrier lui lancer une dague, Gorro utilisa la télékinésie pour la stopper en vol et la renvoyer à l'expéditeur... Un tour difficile sur un objet en mouvement mais heureusement il l'avait vu venir. Récupérant sa propre lame au dernier moment, il para le coup du second garde du corps et le décapité avant de balayer le haut prêtre qui s'enfuyait et de s'en servir comme bouclier humain.
Souriant sadiquement, il lui piqua la cuisse avec son sabre puis commença à se replier vers la sortie. Si Manfred voulait le rejoindre, c'était maintenant... Mais ça le ferait passer comme complice aux yeux de la populace locale... Tout restait à voir.

Et puis il n'avait pas pu regarder par la porte pour voir si il fonçait droit dans les bras de renforts... Son action était censée mais risquée. De plus, le dieu faible de ces mortels n'allait peut-être pas rester sans réagir mais Gorro doutait fort de voir débouler un ange ici ah ah ! Le seul présent était l'ange de la mort et il comptait bien garder sa suprématie !

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Reprenant ses esprits petit à petit, le revenant fut heureux de voir que son coup avait été efficace. Voyant son adversaire trébucher, il s'apprêtait à lui foncer dessus tête baisser pour l'achever immédiatement lorsqu'il fit à nouveau usage de ses pouvoirs pour se stabiliser et prendre de la distance. Ce sortilège avait été mal calculé et le sombre guerrier s'était finalement cogné contre un banc, un peu plus loin, mais il était sauf. S'il était tombé, c'en était fini de lui. Il n'y avait aucun doute là dessus. Cette stabilisation remettait le combat, encore une fois, à un genre de statut quo dans lequel aucun des deux combattant n'avait de véritable avantage sur l'autre. Ils étaient à bonne distance et pouvaient se foncer dessus à loisir, refaire pleuvoir les coups, reprendre leur passe d'arme. Le guerrier aux sabres fluorescents avait d'ailleurs l'air d'être d'avis qu'ils reprennent la bataille rapidement, puisqu'il fit un mouvement de provocation avec ses doigts, incitant le mort vivant à se ruer sur lui ! Ceci fit sourire Mannfred, qui avait l'habitude de ce genre de geste fanfaron de la part d'ennemis qui le sous estimaient. Depuis le temps, il avait appris à ne plus répondre à cela. Il était trop vieux pour ça, mais aussi trop calculateur. Il avait vu trop de gens mourir à cause d'un manque de concentration, piqués au vif par leur adversaire, pour s'y faire prendre lui même.

Il allait lancer une raillerie à son adversaire avant de lui foncer dessus tout de même lorsqu'un changement d'atmosphère se fit sentir. Son intuition avait été exacte, on avait donné l'alerte et un genre de corps de garde avait foncé à la rescousse pour sauver la cathédrale, ou ce qu'il en restait. Enfin, les deux adversaires n'avaient pas trop abîmé l'endroit, si on ne considère pas la corruption passive comme un dommage.
Ils étaient encerclés. Sûrement, les gardes étaient passés par des couloirs dérobés et autres passages secrets, ils n'auraient pas pu rentrer juste par la grande porte et les prendre par surprise comme ceci ! Ils avaient toute une formation prête juste pour eux, des arbalétriers, piquiers, fantassins, tout le gratin d'une garde normalement faite pour la parade mais qui aujourd'hui devait traiter avec de vrais problèmes. Le nombre jouait en leur faveur, certes ! Mais ils ne savaient pas à qui ils avaient affaire. Alors qu'ils lâchaient une volée de carreaux, Mannfred arrêta de prendre garde à son ancien adversaire et fit le strict minimum pour sa propre sécurité, c'est à dire qu'il paraît ce qu'il pouvait avec sa lame, mais que le reste se plantait en son corps mort sans laisser entrevoir une goutte de sang. Il tressaillait à chaque plaie, mais ne tombait point : de faibles êtres humains comme eux ne pouvaient rien contre le Duc von Carstein !

Laissant échapper un cri rauque à en glacer le sang, il se saisit de sa lame et, profitant du temps de rechargement élevé de l'arme à répétition, tournoya en faisant pleuvoir la mort. Réminiscence de la tornade qu'il était au milieu des morts qui assaillaient son unité lorsque, des siècles auparavant, il était encore vivant ; il était maintenant la mort qui tournoyait au milieu des vivants, ses yeux rouges instillant la terreur dans le cœur de ses ennemis.

Il fallait pourtant se demander une chose. Quel était le plus effrayant, la lame glaciale qui s'enfonçait inexorablement dans la chair des ennemis, brisant les lances par la force brute et enfonçant les armures les plus résistantes ou le fait qu'après quelques paroles dans un langage mort depuis longtemps certains de ceux frappés à mort se relevaient pour attaquer leurs anciens amis ? Souvent, voir le visage vide de son ancien meilleur ami pendant à moitié sur le côté, balafré de part en part, se jeter sur soit pour mordre, griffer, frapper, était un très grand choc au moral des troupes ! Mannfred comptait là dessus en plus de son aptitude au combat pour se sortir de cette situation.

Il s'entoura de quelques gardes morts-vivants pour se protéger et prendre du recul sur la situation. Il était un peu blessé mais rien de très dangereux vu sa condition. Le sombre guerrier qui était devenu son allié d'un temps, lui, semblait bien s'amuser. Il tuait à droite à gauche avec une habileté qui n'étonnait guère le revenant, puisqu'il avait pu la goûter de première main. Il avait aussi saisi l'objectif le plus important avec rapidité : il ne servait à rien de combattre des hordes d'ennemis alors que leur chef était à portée de main ! Jugeant opportun de le laisser faire, Mannfred continua à tuer des gardes en assignant deux morts vivants à sa protection d'un peu plus loin, discrètement. Il ne voulait pas faire un affront au guerrier en le laissant penser qu'il n'était pas à la hauteur de la tâche, mais il ne fallait pas qu'il soit inondé par les hommes qui se jetaient sur lui, d'où l'utilité de zombies pour réguler le flot des gardes qui allaient vers lui. Mannfred lui préparait un chemin au cas où il se dirigerait vers la sortie, ce qu'il fit éventuellement. Voyant que le prêtre était capturé, il poussa de sa grosse voix l'avertissement suivant, autant pour les gardes à l'intérieur qu'à l'extérieur :

« Mais reculez, pauvres fous, reculez ! Vous voyez bien que votre chef est perdu, si vous continuez comme ça, vous aussi ! Reculez, vous dis-je, ou devenez mon esclave pour l'éternité ! RECULEZ ! »

Utilisant deux de ses boucliers-plus-vraiment-humains pour les couvrir, un devant eux, un derrière eux, il suivit le preneur d'otage vers l'extérieur, où sans nul doute il y avait un petit comité d'accueil pour eux. Cependant, ils ne tirèrent pas. C'était évident, ils ne voulaient pas risquer de tuer un haut prêtre, ce serait un pêché très grave. Voyant qu'ils avaient l'avantage, Mannfred en profita pour tonner :

« Ne vous avais-je pas dit de reculer ? Faites place, bon sang, ou ce bon à rien finit en bouffe pour les corbeaux ! »

Il ne savait pas à quel point ils étaient zélés, mais il faudrait sûrement faire une percée avec l'autre prêtre sur le dos pour passer. Pas que ce soit trop dur en soit, mais il faudrait ensuite les semer ! Ils connaissaient sûrement ce dédale de rues mieux que les deux alliés d'infortunes, mais ils avaient un autre tour pour eux : la force de frappe ! Confiant, Mannfred s'approcha alors de la ligne que formaient les gardes. S'ils résistaient, il se trancherait un passage ; s'ils abandonnaient, c'était tant mieux. Il gardait avec lui un des morts vivants, qui faisait office d'épouvantail pour ceux qui auraient eu envie de s'opposer à lui.

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Utiliser la haute autorité de cette religion comme un bouclier humain était particulièrement savoureux aux yeux du guerrier noir… Ah ah, ces prêtres allaient en cauchemarder pendant des mois ! C’était un pue comme si, de retour chez lui, il parvenait à prendre en bouclier cette puissante maître Jedi toujours si pompeuse et autoritaire. Cela le fit frissonner et une partie de son esprit se permit même de fantasmer sur la puissance d’un tel acte : mettre à mal l’image de la maîtresse de l’ordre jedi (qui en plus était une femme assez belle malgré tout) et l’humilier-si pas plus-serait vraiment excitant. Pour un peu, il aurait une réaction déplacée mais il se retient, il avait plus de contrôle sur son corps que ça et puis là il ne tenait pas une belle jeune femme mais un vieillard qui empestait la peur… Et la soupe aux vermicelles. Une grimace sur le visage, le jeune homme continua à reculer tout en observant la tactique de son vis-à-vis… Efficace, drastique, terrifiant… Parfait.

Plus le temps passait plus Gorro avait la nette impression que cet être mystérieux, ce guerrier aux pouvoirs obscurs, était lui aussi un Sith, juste un Sith mais d’un autre temps. Après tout, sur Korriban, nombreuses étaient les théories que même les plus anciens utilisateurs de la force connus n’étaient que des reliquats d’une race différente et encore plus puissante, presque inhumaine… Enfin, les sith prétendument au sang pur n’étaient déjà pas humains mais la race décrite précédemment serait au delà de toute mesure de comparaison avec l’homo-sapiens. Cela le fit d’ailleurs sourire intérieurement car les sith au sang pûr n’étaient en général rien de plus que des fanfarons qui se croyaient surpuissant de par leur apparence mutante… Du coup, que ce que ça devait être du temps de cette race ‘’supérieure’’… Des peteux et des dandys qui jouaient avec des sabres lasers de manière alambiquée ? Ou étaient-ils vraiment les guerriers supérieurs que la légende voulait qu’ils soient ?

Montrant les crocs sous son masque, le jeune homme revint à la réalité : il ÉTAIT le guerrier parfait, il l’avait prouvé et il le prouverait encore si nécessaire ! Cet état d’esprit lui souffla d’ailleurs qu’un guerrier parfait n’avait nul besoin d’un vieux bouclier puant la nourriture mais il se retient : il ne fallait pas que sa vanité ne le mette en danger inutilement quand même… Il le balancerait tel un bélier sur d’éventuels poursuivant si besoin est et ça le ferait bien rire ça. Faisant griller quelques cheveux du prêtre avec sa lame laser, rependant une odeur de cochon brûlé, il incita quelques gardes à reculer et sortit à l’air libre. Observant Manfred sortir à son tour, Gorro lui lâcha comme si ils conversaient de la pluie et du beau temps :

-On pourra reprendre ce duel plus tard, en attendant coopérons pour sortir facilement d’ici… Je garde le prêtre en vie… Pour le moment.

Cette dernière remarque fit couiner de terreur l’intéressé qui se mit à se répandre de manière infâme… N’avait-il donc aucune fierté ni contrôle de soit ? Urk, Gorro faillit revenir sur ses dires et l’étriper séant. Ceci dit il se retint encore une fois et partit au hasard dans une direction pour fuir. Il essaya dans un premier temps d’éviter les grandes places et de circuler rapidement pour distancer la garde mais manifestement… Le seigneur noir des Sith avait vraiment un sens de l’orientation qui laissait à désirer ! S’arrêtant et vérifiant si son partenaire d’infortune suivait encore sa fuite au hasard, Gorro regarda Manfred avec un air presque… Penaud. Le prêtre lui était tout haletant et traînait la patte… Quel fardeau celui là.

Observant son vis-à-vis, Gorro soupira et lâcha tout en tordant le bras plus fort de son bouclier humain :

-On dirait bien que je ne connais rien du tout à la disposition de ces lieux… Connais-tu ça mieux ? Si non on peut toujours arracher les informations à ce têtard… Qu’en dis-tu guerrier noir, devons nous perdre du temps ici ou reprendre notre fuite éperdue ? Cet être inférieur commence presque à devenir plus un fardeau qu’une aide…

D’habitude, le duelliste ne perdait pas de temps à demander l’aide d’alliés ni même leurs conseils mais la situation était fort particulière du coup il prenait le temps de récolter plus d’avis. Surtout qu’à partir de cet instant, les choix à faire devenaient des plus drastiques : soit ils prenaient le temps et augmentait le risque d’être rattrapés, soit ils achevaient le prêtre et pourraient repartir plus vite mais avec une garde plus enragée sur les talons.

Si le combat n’effrayait jamais Gorro, affronter l’ennemi avec un but mieux définit ne faisait jamais de mal et il ne doutait pas du poids des arguments de Manfred que ce dernier soit d’accord pour l’aider totalement ou non. Le choix décisif approchait à grands pas et le seigneur noir des Sith se demanda avec humour si le prêtre sentait les ailes de la mort caresser sa nuque car il y avait de grandes chances que la mort soit celle qui approche plus vite que le sauveur ah ah ah ! Mais est-ce que la faucheuse allait repartir avec une seule âme ou plusieurs ? Et bien une fois encore ça dépendait de leur vitesse de réaction…

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Les événements avaient pris une tournure intéressante dès l'instant où les gardes avaient envahi la cathédrale pour appréhender, voir tuer, les deux guerriers corrompus et cela n'était pas prêt de passer. Après une certaine cavalcade, à l'intérieur et à l'extérieur, il était temps de se poser les vraies questions : que faire du prêtre et comment sortir ? Pour Mannfred, il était important de garder le bondieusard en vie, car de tous temps les ecclésiastiques étaient des intellectuels. Celui ci en étant un d'assez grand rang, il devait connaître encore plus de choses que les autres ! Le revenant n'était pas prêt à le sacrifier tout de suite, il avait besoin de ces connaissances pour avancer dans la mission que lui avait donnée son Maître. Il lui fit part de ses impressions :

« Nous ne devrions pas le tuer, enfin faites ce que vous voulez, mais j'ai besoin de lui pour qu'il réponde à quelques questions. Sur ces mots, il lança un regard à glacer le sang vers l'otage et ajouta : Oui, il me faut l'interroger. Passez le moi, je vais le porter, sortons avec lui, ce n'est qu'un village il ne devrait pas être dur de le faire sortir. »

N'attendant pas de réponse, il s'avança vers le haut prêtre, qui s'il avait toujours l'air terrifié, était au moins rassuré par les mots qui venaient d'être prononcés. « J'ai besoin de lui », avait dit le sombre guerrier, cela garantissait sa vie pour le moment !
Sans aucune finesse, Mannfred l'attrapa par la taille et le jeta en travers de son épaule comme un vulgaire sac de patates. Le mort vivant vacilla un instant : il avait surestimé sa propre force qui, comme chacun le sait, avait été drainée lors de son arrivée dans ce nouveau monde. Il ne pouvait plus renoncer à son plan cela dit, étant donné qu'il avait commencé et qu'il ne fallait pas perdre la face. Une fois qu'il se fut assuré que son fardeau était bien positionné, il se tourna à nouveau vers son ancien adversaire pour lui lancer :

« Au fait, je suis le Duc von Carstein. Mannfred. Second du Maître des armées d'Outretombe. Un plaisir de croiser le... Fer ? Avec vous. Aussi sur le point du sens de l'orientation, il ajouta : je ne connais pas bien ce village, mais je connais un peu les alentours, j'ai passé un moment dans ce monument naturel qu'est la chaîne de montagne à l'extérieur, on pourrait y cacher une petite armée. Il suffit d'aller par là, allons. »

Sans prendre le temps d'écouter l'avis de son compagnon, il partit au pas de course, secouant son fardeau qui, la tête en bas, prenait son mal en patience. Il devait hésiter quant à la marche à suivre : devait-il hurler au monde de sortir et de l'aider ? Probablement pas. Il avait vu la puissance des deux guerriers et surtout, il n'était pas aimé de tout le monde. Beaucoup de religions cohabitaient dans ce village, vu les mondes d'où viennent ses habitants, et le quartier vers lequel ils se dirigeaient n'était pas de sa confession. Soit personne ne l'aiderait, soit il provoquerait un massacre. Les deux compères l'ignoraient mais c'était aussi pour cela que les gardes qu'il avait ramené ne progressaient pas aussi vite qu'eux, ils ne pouvaient pas juste arriver en arme devant les gens, ce serait très mal pris et pouvait provoquer un malentendu et une bataille générale, ce qui serait mal venu. Ils ne voulaient pas spécialement mourir non plus, ce qui se comprenait.

Lorsqu'ils furent enfin sortis du village, ce qui ne fut pas de tout repos puisqu'il fallut se terrer quelques instants à plusieurs reprises dans des ruelles et tourner en rond quelque temps, soit pour perdre des poursuivants, soit à cause de leur incompétence à tous les deux, ils firent encore un bout de chemin, histoire d'être sûrs qu'ils n'étaient pas suivis d'une part, mais aussi pour s'assurer qu'ils n'étaient pas visibles de Rift d'autre part ! Il serait trop bête d'être repérés tout de suite et d'avoir fait tout ça pour rien. Mannfred sentait en plus que cette cavalcade n'était peut être pas forcément du goût de son compagnon, qui semblait plus sombre encore que le revenant ne l'était et qui aurait peut être préféré tuer un peu plus de gens. Enfin, cela ne dérangeait pas spécialement le mort vivant, tant qu'ils faisaient parler le prêtre.

Ils s'arrêtèrent donc enfin dans un endroit mais, en l'absence de corde pour tenir le prêtre, Mannfred le laissa juste tomber lourdement sur le sol dur puis le cloua sur place simplement du regard. Il avait deux ou trois petits trucs à annoncer du ton le plus menaçant que sa voix rauque pouvait émuler (c'est à dire très menaçant) :

« Ecoutez, prêtre, curé, peu m'importe. Comme vous le voyez vous n'êtes pas attachés mais cela va sans dire, ce n'est pas la peine d'essayer de fuir. Vous nous avez vu combattre, ce n'est pas avec les baguettes qui vous servent de jambes que vous allez nous échapper. Vous pouvez encore courir pour l'instant ! Réjouissez vous car si vous fuyez maintenant je vous brise les rotules et je vous arrache les tendons, c'est clair ? »

Il était possible d'entendre le prêtre déglutir bruyamment, qui ne savait dire s'il s'agissait d'une question rhétorique ou s'il lui fallait répondre. Dans le doute, il fit un discret mouvement de la tête. Ceci satisfit Mannfred, qui ajouta sur le même ton :

« Maintenant j'ai... Nous avons quelques petites choses à vous demander. Ne vous inquiétez pas, je me fiche de vos secrets et de ce que vous faites avec les enfants de chœur. Je m'attend tout de même à ce que vous répondiez au mieux à TOUT ce que nous allons vous demander. Si jamais nous ne sommes pas satisfait, il n'y aura pas que vos rotules qui vont sauter, compris ? »

Puisque tout cela était maintenant clair, qu'ils étaient hors du village avec le prêtre et qu'ils avaient un peu de temps avant qu'une expédition ne vienne les chercher, l'interrogatoire pouvait commencer : le revenant se demandait si le sombre guerrier serait intéressé par tout cela et comment il prendrait cette tournure des événements... Bien, il l'espérait ? Seul le futur le dirait.

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Se perdre et se reperdre dans un endroit inconnu et passablement hostile n’était pas la chose à faire en cet instant ni en aucun autre moment si on y réfléchissait bien. Ils pourraient à tout moment se retrouver acculés mais comme l’avait souligné son compagnon d’arme temporaire, le village ne devait pas être si grand que ça. Cette idée en tête, il suivit le mort-vivant et se montra plus passif dans les dialogues qui s’en suivirent… Il ne trouvait pas l’utilité d’en rajouter et de faire exploser la jauge de terreur du prêtre déjà bien entamé ! Se contentant de sourire, montrant ses crocs sous son masque de cuir, le guerrier Sith observa les alentours une nouvelle fois… Étonnant que personne ne leur ait encore donné la chasse de manière plus organisée. Sur son monde natal, dans sa galaxie, on aurait déjà engagé des chasseurs de primes, des speeders armés et des vaisseaux plein à craquer de gars armés attirés par la possibilité de gagner le pactole en sauvant les fesses d’un notable.

Ici rien de tout ça mais après tout aucun n’avait la technologie suffisante pour apporter une traque au goût de Gorro. Il préféra donc laisser Manfred poser les questions et décider de la vie du prêtre. Plusieurs minutes s’écoulèrent donc dans un silence calme uniquement rompu par la voix nasillarde et apeurée de l’autre con en toge. Se souvenant soudain la raison de son exploration, le jeune homme aux deux sabres lasers s’avança d’un pas. Vu que le chevalier mort-vivant avait terminé de poser ses questions et était sans doute sur le point de décider de la mise à mort du prêtre, l’interrogation de Gorro lui fournit un sursit sans doute très appréciable.
Faisant léviter son sabre laser dans sa paume, le mettant ensuite sous le nez du notable, le chevalier noir lui souffla sur un ton impérieux :

-Homme d’église, réfléchit vite… Avant moi, avais-tu déjà aperçut ou entendu parler d’une
personne possédant des pouvoirs étranges, portant une telle arme et… Avec un bras tranché ?

Ce dernier détail alluma une étincelle dans les yeux de son prisonnier et Gorro sourit… Il venait de lui en révéler plus que ce qu’il ne voulait vraiment le savoir. ELLE était donc ici, elle était passée par là mais était-elle repartie récemment ou depuis une semaine ? Comment savoir ? Le prêtre ne faisait que balbutier des détails insuffisamment préçis que pour être d’aucune utilité au manieur de sabre. S’il avait été le seul à décider, la discussion se serait arrêtée là d’un revers de sabre. Regardant Manfred du coin de l’œil, il haussa les épaules : il se chargerait de ce poids et souillerait sa lame si il avait envie de le faire car pour le Sith, la vie ou la mort de cet être ne valait même pas le simple geste qui suffirait à terminer sa vie à présent. Vu qu’il avait perdu toute utilité en tant que source d’information et probablement en tant qu’otage aussi, l’être humain n’était plus qu’un insecte.

Soupirant légèrement, Gorro faillit reprendre la parole pour couper cout à tout ça mais une série de bruits de bottes et de grincements métalliques… La garde donc ? Rallumant ses deux sabres et commençant à faire pivoter ses poignets puis à se servir de ses doigts agiles pour les faires tourner dans un cercle presque parfait, faisant vrombir les armes mortelles de plus en plus fort, le guerrier désigna de la tête la zone d’arrivée de la cavalerie. Il allait ici se lancer sans aucune hésitation dans un combat qui risquait fort de l’épuiser assez pour se rendre vulnérable mais il s’en fichait : seul lui importait de se retrouver au soleil couchant sur une pile de cadavre ennemis, satisfait de se montrer le plus fort face aux épreuves envoyées par ce monde inconnu.
Se tournant pourtant vers Manfred avant l’assaut, il lui dit, ses sabres tourbillonnant toujours rapidement entre ses doigts, le Sith lui dit sur un ton amusé :

-Et bien Manfred Von Carstein, ce fut un plaisir de vivre cette petite mise en bouche avec vous, j’aimerais tant voir à quoi ressemble votre maître, il doit être comme Marka Ragnos, une légende de mon monde mais ce jour n’arrivera pas de sitôt car je suis à la recherche d’autre chose pour l’instant… Et puis j’ai des larves à détruire en ce moment… Au plaisir de se revoir !

Gorro mit ses sabres en position d’attaque et chargea le premier garde arrivant à portée de vue… Il allait baigner dans le sang et les morts pendant un moment avant de reprendre la route… Manfred lui était libre de s’amuser aussi ou de partir accomplir de plus sombres dessins.

Après tout, ils étaient des alliés temporaires, poussés par les circonstances, non pas les meilleurs amis du monde.

Invité

Décidément, ces poursuivants étaient des coriaces ! Il faut dire qu'ils venaient rechercher leur type, en priorité, ça devait être un mec important. Il possédait plein d'informations très intéressante, puisque même le guerrier sombre qui accompagnait Mannfred avait eu son petit renseignement. Or, ce qu'il lui avait demandé était affreusement spécifique ! Il devait avoir de l'influence et voir passer beaucoup de monde. Cette influence faisait aussi que du coup, les soldats avaient pour tâche de le ramener. S'ils réussissaient, ils seraient sûrement grassement payés, mais encore fallait-il qu'ils réussissent. Il était plus simple de s'occuper de récupérer la dîme ou de chasser des bandits que de pourfendre deux militaires entraînés et surhumains ! D'autant plus qu'ils n'étaient, apparemment, pas très entraînés et n'avaient pas l'habitude que des adversaires leur oppose résistance. Dommage pour eux.

Mannfred avait presque pitié du massacre qui les attendait, puisque le sombre guerrier leur rentrait dans le lard, pardonnez l'expression mais il n'y avait rien d'autre à dire, sans même songer à sa propre sécurité. Il ne semblait vivre que pour la rage et le combat, une rage contenue qui impressionnait le revenant. Cela dit, ce combat était inutile, selon lui. Ils avaient encore le prêtre en otage et il n'avait plus aucune utilité, même le tuer aurait été du gaspillage de temps et de force. En toute logique, le mort vivant allait donc leur rendre leur homme d'église, qu'ils partent avec lui au lieu de souffrir des pertes inutiles.

Avant toute chose, Mannfred se sentit extrêmement désemparé car il se rendit compte qu'il était sans le sou et qu'il ne pouvait décemment pas voler et piller en tout temps. Il ne se fit donc pas prier, malgré la nature de son otage, pour lui faire les poches et récupérer une petite bourse de ce qui semblait être la monnaie locale. Ce serait bien plus pratique que d'avoir à travailler pour de vrai, chose qu'il, avouons le, par sa nature noble, n'avait jamais fait et ne comptait pas faire. Pour les hommes comme lui, on gagnait sa croûte au fil de la lame ou on ne mangeait pas, c'était simple. Enfin, depuis qu'il était mort vivant, ce problème se posait moins, mais c'était une façon de parler.

Son pactole en poche, il pouvait déjà un peu mieux se débrouiller seul et sans causer d'agitation inutile. Avec ce que le prêtre venait de lui raconter et cet argent, il était probablement aussi informé que n'importe quel autre citoyen de ce monde et préparé à affronter les défis qu'il cachait. Il était peut être même mieux préparé, mais il n'avait pas d'ordre idée de la valeur de l'argent qu'il venait de récupérer : certes, le prêtre était forcément un peu aisé, mais ça ne voulait pas dire qu'il se baladait avec des sommes extraordinaires sur lui.

Dans son inutilité, il eut la présence d'esprit de commencer à aller vers le combat pour être récupéré par ses hommes, ce que Mannfred laissa faire. Après tout, c'était leur prêtre, donc leur problème. Il était, pour lui, sûr qu'ils battraient en retraite ou en tout cas ne perdraient pas plus de membres inutilement, leur bondieusard en proche, garantissant la sécurité du guerrier sombre. Et puis Mannfred n'était pas non plus sa nounou, il n'avait pas à faire en sorte qu'ils ressortent tous deux sans trop de dégâts des combats. Profitant de la confusion, il contourna le village pour rentrer d'un autre côté, il avait encore des affaires à régler à l'intérieur, sans trop de problèmes cette fois, espérait-il. Il se sépara alors de celui qui fut son adversaire : peut être se reverraient-ils plus tard ? Il l'espérait, mais cette fois avec des pouvoirs plus grands encore !

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