Des mots, à mes yeux ce n'était rien de plus que cela, je le savais Ruby avait tentée de me faire déculpabiliser, ses paroles remplies de ce réconfort qu'elle aurait voulu me donner. Pourtant rien n'y faisait, je le savais bien, la situation avait empirée à cause de moi et j'en étais la seule fautive. La gardienne avait décidée de me mener à sa chambre, à ce niveau je me voyais mal contester son plan.

Le retour fut bien plus tranquille, comme si notre premier passage avait permit à la population locale de s'habituer à la situation quelque peu bizarre d'il y a à peine quelques heures. Je me laissais guider par Ruby, c'était en soit très humiliant mais je n'avais d'autres choix à vrai dire.

En dehors de toute cette humiliation il y avait encore autre chose qui me troublait, non c'était plus qu'être troublée, j'étais angoissée. Je regardais mon corps, cette manière de voir son corps agir sans en avoir aucun droit, de ne pas avoir le plein pouvoir sur les gestes et les actions de ce qui m'avait été donné à la naissance me faisais me « la » remémorer.

J'avançais avec crainte, d'ailleurs et si « elle » était relié à mon corps et non à mon esprit, et qu'elle se manifestait ? Ruby arriverait elle à la contenir ? Se mettrait elle à mettre à feu et à sang ce lieu avant de mourir, me laissant bloquée dans le corps de Ruby, faisant de moi une profiteuse d'un corps dont je n'étais en aucun cas la véritable détentrice. Si jamais cela arrivait, Ruby n'aurait d'autre choix que de subir « sa » démence, il fallait éviter cela à tout prit, retrouver mon corps d'origine le plus vite possible.

Finalement après quelques minutes de marche sous le clapotement répétitif de mes sabots, nous arrivâmes dans la chambre de la gardienne, je m'installais comme je le pouvais dans un coin de la pièce. Je me sentais comme un camion dans un garage trop petit, presque aucune liberté de mouvement, incapable de parler, j'étais réduit au minimum syndical de ce que pouvais faire un être vivant conscient, soit réfléchir et vivre. Je me sentais oppressée dans ce lieu, presque à en devenir claustrophobe, mais une fois encore je n'avais guère mon mot à dire, je n'avais qu'à endurer, payer mon erreur par cette punition qui devait être bien méritée.