Ca y est, je viens enfin de poser pied sur le sol. Tout est sombre, probablement en pierre, calme mais surtout...j'ai une de ces putains d'envie de gerber! Pouah la vache, première et dernière fois que je traverse un de ces portails de mes deux! A se demander comment je tiens bien debout. Qu'est-ce que j'ai vu en passant par le portail, quelle sensation j'ai eu et combien de temps cela a duré? J'en ai foutrement aucune idée. Je sais même pas si c'était comme lors d'un de ces rêves qu'on oublie 2 minutes après le réveil. Cela dit, je me souviens très bien de ce qu'il s'était passé juste avant. J'm'étais retrouvé dans une de ces ruines à la con accompagné de certains gardes. Un contrat avec une belle prime à la fin. 'Faut dire, depuis le début de l'invasion des démons, jamais on n'avait pu revoir des ruines comme sur le site de fouilles et encore moins un portail. Ca m'a pas plus étonné que ça qu'on m'appelle pour s'occuper de l'endroit. Après tout, j'suis le seul témoin vivant à avoir vu le premier portail en plus d'avoir le matos pour déglinguer les démons.

D'ailleurs, tant que j'y pense, maintenant que je suis de l'autre côté, autant commencer le boulot. Je m'accroupis je touche l'espèce de pierre avant de me relever pour longer les murs. Rien à voir avec les murs d'acier des ruines. Faut que je joue la carte de la prudence. Avec ces créatures vaut mieux pas jouer aux héros sinon c'est décapitation garantie. De ce que j'arrive à voir, je suis dans une grotte. Pas spécialement grande, humide et glaçiale. Gardant la main sur la poignée de mon arme, je continue d'avancer. Ca a l'air d'être juste un tunnel sans fin. Ce qui me rassure pas c'est l'écho et deux trois tremblements que je ressens ici et là. Rien de bien méchant mais c'est bel et bien présent. J'arrive finalement à entrevoir une espèce de sortie. Une petite cavitée bouché par des espèces de planches. Au vu de la linéaritée de la zone, j'ai pas vraiment d'autres options pour avancer. Je tape un bon coup sur les planches et hop la voie est dégagée...et les tremblements se ressent encore plus. Tiens, y a un petit caillou qui vient de tomber sur mon épau-... Je regarde aussitôt en haut avant d'entrer le plus vite possible dans le trou. Mon instinct m'a pas trompé. Je ne sais pas où je suis mais le sous-sol doit être fragile sur un certain endroit pour qu'un éboulements de rochers de la taille d'un ballon puisse boucher la sortie. Bon, pour retourner à l'employeur ça va être compliqué... Sans trop le choix, je continue mon chemin.

Et là PAF! Je me cogne contre un truc solide et, sans même attendre une demi-seconde, je dégaine. Je m'apprêtais à frapper jusqu'à ce que je réalise que c'était juste une pauvre table en bois. Pire, c'est que maintenant que je réalise que les murs sont droits, lisses et avec des poutres en bois... J'aurais préféré voir un temple comme à mon départ plutôt qu'une pièce rustique. J'ai juste l'impression d'être arrivé à un autre coin du pays. Hmm, probablement un portail par lequel les démons passent pour lancer un assaut éclair. La question est, les démons sont-ils déjà arrivés? Au même moment où j'y pense, je vois une petite lumière au loin. Une bougie, une table une armoire et surtout un escalier menant à une trappe. Je marche rapidement vers les marches. Au fil que je monte, le rythme de mes pas ralentit. L'air dégageant de la trappe est bien moins froid qu'ici. J'entends du bruit. Un sacré vaccarme dis-donc. Probable que les démons d'mes deux ont déjà commencé je sais pas quel assaut. C'est bien ma veine ça tiens! Prenant ma lame à deux mains, je me précipite pour défoncer la trappe dans une charge violente. Sans même chercher plus loin (et surtout aveuglé par la lumière du jour), je laisse mon épée s'écraser sur le nouveau sol. Que la fête commen-....ce?

...Alors que mon oeil se réhabitue à la lumière, ma vision de la pièce est désormais claire et net. Des hommes, des femmes, des serveuses, des...trucs qui ressemble à rien et je réalise que j'ai atteris dans une taverne parfaitement paisible sans danger... Le silence ambiant soudain me fais réaliser que je suis en plein milieu de la salle et que mon épée s'est écrasée sur une table. Je regarde la table, je regarde les gens, les gens m'ont regardés, j'ai regardé mon épée, les mecs assis autour de la table m'ont regardés, je les ai regardé et je brise le silence d'un:

...Salut?

Bref, je sens que ca va être une journée pourrie.

La première chose que j’ai appris ici, c’est que je suis plus chez moi, et que j’y retournerai probablement jamais. La deuxième chose, c’est que j’me sens engourdi comme un lendemain de cuite légendaire. La troisième et la pire, c’est qu’on boit que de l’alcool de tapette ici, m’enfin, j’ai tout de même pu en trouver du passable, mais j’ai eu un mal de chien à y parvenir. Bref, je me suis vite tiré de Vermeï, bien trop de tarlouzes à mon goût, en espérant que ceux qui vivent dans le grand froid ne me laissent pas sur ma faim, car s’il y a bien d’une chose dont un homme a besoin en dehors de l’alcool, c’est un exercice quotidien, et rien de tel qu’une bonne rixe de bar pour ça.

Ce petit voyage au grand froid m’a bien requinqué, comme si c’était ma douche froide pour me réveiller après la sieste. J’ai trouvé l’endroit agréable, ces petits vents froids, y’a rien de plus stimulants ou de plus rafraîchissant, rien à part une tournée d’alcool fort. Heureusement, j’ai pas trop tardé à trouver un petit bar, sympathique, chaleureux, de l’alcool pas désagréable, il manquait juste un petit quelque chose pour animer le tout. J’ai tout de suite trouvé cette ambiance paisible plus que dérangeante, mais bon, l’alcool n’est pas cher et pas dégueu, alors j’me suis posé et j’ai pas cherché la p’tite bête.

J’m’ennuyait ferme ici, y’avait bien quelques ivrognes pour animer les discussions, mais ils roulaient vite sous la table, les gens du coin avait pas beaucoup d’endurance. Moi, j’étais assis seul à une table, buvant chopes après chope, sans vraiment parvenir à me saouler. Les gens venaient et repartaient, la plupart se contenter d’un verre ou deux, sans plus. Ça manquait cruellement d’ambiance, pas de musique, pas de bagarre, juste un brouhaha permanent, vraiment chiant. C’est pas que j’me sentais seul, mais j’avais les poings qui me démangeaient, et j’arrivais toujours pas à atteindre l’état d’ivresse que je recherchais.

Pis tout à coup on a entendu un certain vacarme, qui devait venir d’en-dessous, la cave sans doute. Au départ on s’en foutait, personne n’est allé voir, mais seulement après y’a un imbécile heureux qu’a défoncé la trappe, surgissant avec son épée comme s’il voulait tous nous occire, on dirait que les choses devenaient intéressantes. Le type semblait aveuglé, alors que lui s’immobilisa au milieu de la pièce, son épée vint occire ma table, et mon verre d’alcool au passage. Le voyant regarder bizarrement tout autour de lui, nous adressant un « salut ». Contemplant les débris qui étaient ma table et mon verre, je saisis son épée et la jeta au loin.

- Eh ben mon p’tit, t’as éventré la mauvaise table… On va régler ça aux poings, j’vais te montrer c’que ça coute de gâcher un si bon alcool… Espérons que t’en as dans le ventre, j’me suis ennuyé ferme toute la journée, j’aurai bien besoin d’un peu d’action.

Pour lui montrer ma volonté de me battre à mains nues, je sorti mon bolter que je posais délicatement de côté, tout comme mon épée tronçonneuse, les gardant dans le coin de l’œil au cas où si quelqu’un était tenté de me les piquer. Je relevai ma capuche, dévoilant mon troisième œil et me mis en position de combat, lui faisant signe d’attaquer.

Et bah... On a tous eu des moments de solitude dans la vie mais là je tiens une belle médaille d'or. C'est tout ce qui me vient à l'esprit en observant la salle. Ce qui me dérange c'est pas le silence ambiant, c'est pas l'assassinat du meublier, ce n'est pas non plus la déception qu'est ce contrat ni même le gros gugusse encapuchonné juste devant moi mais bel et bien cette impressison que les gens s'en moquent. Les gars, franchement, vous vous êtes fais aspirer vôtre âme quand? D'habitude les gens continuent d'observer la situation puis à tabasser ou rire de l'arriviste plutôt que de retourner à leurs occupations. C'est quoi cette région sérieu- wowowow! V'là que l'autre type m'arrache la lame des mains et l'envoit valdinguer. Haussant le sourcil, regardant mon poignet puis la lame puis à nouveau le poignet, je fais des moulinets pour l'échauffer. Il y est pas allé de main morte dis donc. C'est pas courant d'avoir autant de force dans les bras, même avec un gabarit pareil. M'enfin, dans quelques secondes à tout péter la lame va revenir. Pas de quoi s'en faire.

Ecoutant à peine ce qu'il débite, ce n'est qu'à l'instant où il finit sa phrase que je lève l'oeil pour voir qu'il y avait bien un visage par dessous cette capuche. Une minute, me dites pas que l'ancêtre cherche la baston?! Ouvrant grand l'oeil en haussant à nouveau les sourcils avec un air ébété, c'est que maintenant que je remarque un petit truc. Vraiment trois fois rien. Non je ne parle pas de ses rides, de son pistolet ou de son épée qui ressemble strictement à rien mais juste l'oeil en plein milieu du front. Nan c'est pas comme si c'était pas courant, du tout. Ignorant complétement ce que débite l'ancêtre, je m'approche d'un coup. Plissant l'oeil, j'observe ce troisième globe oculaire en levant l'indexe. Si c'est si dégueulasse, pourquoi je me retiens de le toucher? Soit c'est un énième mystère de l'anatomie soit le trucage le mieux réalisé que j'ai jamais vu.

C'est vivant c'te...truc?

J'ai à peine eu le temps de finir ce que je disais que le vieillard s'était déjà mit en position. Coup de chance, j'me suis arrêté à temps avant d'être trop prêt. Ca aurait était un sacré manque de bol de se faire contre-attaquer alors qu'on allait juste toucher un oeil... Même dans ma tête ça sonne plus sale que ce que je pensais. Enfin bref, trève d'idioties. Place aux choses sérieuses et à l'observation. L'attaquant: constitution physique trop impressionante pour son âge apparant, calvitie plus avancé que la mienne (que je n'ai pas), armure avec robe, épée dentelée et pistolet. Sa façon de bouger, de parler et de me regarder est calme mais ferme. Bref, à tous les coups c't'un vétéran du genre à ne pas faire semblant. J'ai mieux à faire que me friter avec des gens un minimum sérieux. Vite réflechissons... La table d'à côté. Quatres personnes, allure rudimentaire, comportement nerveux et bruyant, Béguaiments et gestuelle vive mais maladroite. Le parfait profil du crétin violent. Chacun semble causer en sous-groupes. Formidable! Je sais ce qu'il me reste à faire.

Non pas que j'ai bien plus important à faire mais...

Ni une ni deux, je fais rentrer en collision mon poing avec la joue d'un de ces voisins. Une chance sur deux que ça marche, il faut juste que les autres suivent... Est-ce que ça va marcher?

[POTC soundtrack ~ Tortuga]

Nan mais espèce de-

*PAF*

Mais tu m'cherche!?

*PAF*

Les gars! Combat de taverne!!

Ca marche! C't'imbécile a cru que le responsable de ce crochet était son voisin de table. Les clients à moitié endormis il y a peu se voient tous béni d'un élan de vigueur. Tout le monde se lève et commence à se fritter avec son prochain. J'pensais pas que ça allais marcher à ce point. Surtout en si peu de temps. Mais peu importe! J'vais pas m'en plaindre. Et voilà que je viens de semer les germes du chaos alcoolisé. Ca va être bien plus facile de prendre la poudre d'escampette.

Sur ce.

Sans plus attendre, je m'écarte du vieux dangereux avant de tendre le bras droit, paré à reçevoir mon épée qui devrait arriver sous peu...arriver sous peu j'ai dis. Elle va pas me faire mariner rassurez-moi? Ca fait largement plus de quelques secondes. Elle traine pas autant d'habitude. Ah voilà!

A la prochaine.

Serrant mes doigts contre le fourreau d'acier, j'use de mon autre bras pour le placer autour de mon arme. Etant pressé (pour des raisons logiques), je fais, sourire en coin de bouche, un petit signe d'adieu à l'ancêtre avant de courir dans sa direction opposé. Va juste falloir que je ne me prenne pas une pinte de bière volante, une droite, un tabouret volant ou encore un coutea-wow c'était pas passé loin!

Ce p’tit gars a l’air d’être un sacré phénomène. Le type montre mon troisième œil du doigt, posant la question habituelle. J’vais pas lui répondre comme ça, trop facile. Je restai muet et m’apprêtais à décocher un bon bourre-pif. Le type observa rapidement le coin, puis d’un poing magistral, il a réussi à déclencher une bonne vieille rixe de bar. Dommage qu’il ne veuille pas y participer et préfère prendre la poudre d’escampette. Je ne sais comment, mais il réussit à récupérer sa lame que pourtant, j’avais bien éloigné. Il me nargua d’un petit geste de la main et commença à fuir, évitant les projectiles avec une certaine agilité. Seulement, il n’arrivait pas encore à la sortie, qui était à quelque pas de moi, mais peut être en avait-il trouvé une autre.

- Intéressant, t’en as dans l’ventre gamin, mais, voyons voir si je pimente un peu le tout, doit bien y’avoir une milice dans l’coin non ?

Je saisis mes armes, mes belles armes. Elles n’ont pas trop attendu, elles sont heureuses maintenant, elles vont tuer. C’est en pointant le fuyard du bolter que je vis que ma chère amie était malade. Pas le temps d’la bichonner, j’ai un p’tit gars à massacrer. Je la rangeais à la ceinture et sorti mon épée que je fis tourner. Une bonne odeur d’essence mêlée au ronronnement de l’appareil… Une petite gorgée de rhum et c’est parti !

- Ça manque de sang tout ça tu  crois pas ? Tu pourras pas fuir éternellement p’tit !

Je me dirigeais vers lui, évitant les projectiles, sans trop de grâce certes, mais le résultat y est. Je m’étais dit que je pourrai couper un ou deux types pour attirer la milice, mais les gars sont déchaînés et le font très bien eux-mêmes. Je pouvais toujours sentir le Warp, suffisamment pour ne pas perdre la mauviette de vue, je le suivrai où qu’il aille. Et ces pas ces ivrognes qui allaient m’approcher, les horreurs du Warp qu’ils contemplaient en voyant mon œil les repoussaient automatiquement, et dans les cas les plus durs, quelques moulinets avec ma lame suffisaient.

La phase 1 et 2 du plan on étés splendidements réussites! Il est temps de passer à la phase 3: la porte de sortie! Roh nom de moi-même de nom de moi-même, j'ai pas déclanché une petite bagarre. Peut-être que j'ai perdu l'habitude de ces animations mais tout de même. Un vrai no man's land! Un champ d'honneur exempt de sobriété où poings, tabourets et choppes entre en collision dans une étrange harmonie. Raaah ça m'avait manqué! Dommage que j'ai un vieux en tenue blindé à ma poursuite pas loin. Hmm j'aurais peut-être dû répliquer à sa demande... Naaah, j'aurais perdu plus de temps encore. A l'heure actuelle, faut surtout que je retrouve mon employeur pour me faire rembourser mon contrat. Si j'avais su que j'aurais traversé un portail pour rien... Me mettant à marcher attivement, j'esquive en toute fluiditée les ivrognes et meubliers sauvages. Parmi ce brouhaha, j'arrive à distinguer et comprendre la voix du vieux. Me retournant, mon sourire est aussi moqueur que je me retiens d'éclater de rire.

Mais, héhé, justement j'la cherche la milice l'ancêtre!

Alors que je retourne dans ma course, j'entends un bruit que j'ai très souvent tendance à apprécier et détester en même temps. Le fameux clic clic du pistolet rayé. Le stress procuré par le bruit de la détente suivit par le bruit infiniment timide du disfonctionnement ne me lassera jam*PAM* Arf! Comment j'ai fais pour pas voir cette droite là?! Ni une ni deux, je renvoit plus que nécessaire la politesse à l'ivrogne. Pendant que ce dernier voltige deux tables plus loin, j'me barre vers la porte de sortie. On prends aucun de risque... Ou pas. Je sais pas comment j'ai fais mais je me suis trompé de direction en tentant de fuir. Ce n'est que lorsque que je commence à courrir que j'réalise que l'ancêtre se trouve tout près de ma porte de secours, impossible de ne pas user de la force... Vite vite vite! Refléchissons! Trois tables aux alentours, le bar-man est trop loin en plus d'être occupé à laver le comptoir de tâches et mâchoires ambulantes. Hmmm... Ah mais je sais! Avec de la chance le plancer au sol doit être en mauvais état, suffisament pour jouer sur l'effet catapulte dans l'entre-jambe du vieux... Faux espoir, tout est impeccable. *snif* *snif* C'est quoi cette ode- oh... Oh je veux pas savoir ce qu'il fait de près ton joujou le vieux! Bordel! J'ai la flemme d'utiliser l'épée pour me dégager lors de la collision. D'autant plus que j'veux pas de problèmes avec la milice. Sauf si bien sûr je les paie avec de l'alcool des tonneaux sur le coté. Une minute, mais oui c'est ça!

J'dirais plutôt qu'ça manque de vin mon vieux.

C'est après avoir largement haussé d'un ton confiant que, soudainement, je ralentis, brandis ma lame et la balance sur l'un des tonneaux, déversant alors tout le breuvage sur le sol. Voyant le liquide s'étendre de plus en plus à son niveau, je me remets à courir. Cette fois-ci, je fonce sans réfléchir vers l'ancêtre en laissant l'épée plantée là. Ni une ni deux, alors que je me rapproche de plus en plus, je place mes pieds sur la flaque grandissante. Plus que courir, je glisse vers la victoire! Cela dit je suis pas fou. J'ai pas mon arme et la sienne a pas l'air commode. Quelque-chose me dit qu'user de mes mains sera pas une bonne idée. Pour le coup, Alors que l'ancêtre se rapproche de moi, je place mon épaulière tranchante vers sa direction tel un bélier tandis que je place mon bras avec le gantelet devant mon visage en guise de protection. Advienne que pourra maintenant.

Vindieu, j’crois qu’j’ai bu plus que nécessaire. J’commence déjà à sentir des fourmillements au plus profonds de mon bide, l’alcool ingurgité se rebelle déjà, et en pleine bagarre… Pour couronner le tout, le jeunot gâcha un bon tonneau de vin et profita de la flaque pour entamer une charge. L’esprit était original je trouvais, glisser comme ça en se servant d’une épaulière visiblement assez tranchante, c’était pas bête du tout… Il en a dans le ventre finalement on dirait. Moi, je restais là planté un court instant, gueule béante, reprenant mes esprits et m’efforçant de  garder le contenu de mon estomac à l’intérieur le plus longtemps possible.

Je brandis mon épée vers lui, m’apprêtant à éviter le coup au dernier moment pour frapper un angle mort, dans l’état où j’étais, mon troisième œil ne m’aurait servi à rien. Le moment de la collision arriva plus vite que prévu, et au moment d’esquiver, je me suis raté plus que lamentablement. Une vive douleur dans les reins me fit ramener la main gauche à ce niveau et me paralysa un court instant, court instant qui suffit à précipiter ma pauvre cage thoracique vers le petit qui me chargeait. La douleur fut intense, et je serais pas surpris du nombre de côtes sévèrement abîmées. Par chance, enfin, plutôt pour rattraper ma connerie, mon bras gauche était plus ou moins interposé entre mon corps et l’épaulette, amortissant suffisamment le choc pour que je m’en sorte vivant et presque entier à l’intérieur. Le plus terrible était la douleur, qui me fit cracher un glaviot de sang et me fit me tordre de douleur. Ne contrôlant pas la direction, j’envoyais mon bras droit voltiger vers a nuque de l’assaillant. Mon épée ne resta que peu de temps en contact avec sa proie, mais suffisamment pour occasionner quelques blessures avant de m’échapper des mains et de tomber au sol et de s’arrêter.

Je n’étais plus du tout en état de combattre, mon ossature ne tiens vraiment plus le coup, surtout face à un coup aussi violent que j’avais malgré moi aggravé. Mon estomac était retourné dans tous les sens, en balbutiant quelques jurons en bas gothique, je m’allongeais près des tonneaux, dos au mur. Je ne pouvais plus me retenir, d’une seule salve, j’ai repeint une partie du parquet couleur vomi, en m’arrangeant pour ne rien repeindre d’autre… Je m’essuyais la bouche avec un vieux mouchoir avant de le jeter dans un coin et me relevai péniblement, quelques nouveaux jurons en bas gothique m’échappant malgré moi. Une fois debout, je profitais de la panique générale pour piquer quelques bouteilles d’alcool fort au barman avant de prendre la poudre d’escampette.

Je ramassais mon épée au passage, en trottinant péniblement, et entre deux gorgées du rhum que j’avais dérobé à l’instant. Je lançais ensuite à mon opposant, en me dirigeant vers la sortie :

- Ça compte pas j’étais ivre, on remettra ça plus tard tu veux.

Un regard vers le patron qui m’avait probablement remarqué, puis j’ajoutai en souriant péniblement :

- On laisse tomber le coin… tu te bats bien petit… on s’barre ensemble et on partage ?