Le désespoir est le suicide du coeur.

Seule, perdue dans les tréfonds béants de son âme, telle une mince étincelle étouffée par l'antre abyssale qui l'entoure. Elle a peur, lorsqu'on tend l'oreille, on peut entendre une âme crier à l'aide, elle demande à ce qu'on la détache des chaines de souffrances qui viennent ronger sa chaire. Elle n'en a pas conscience, mais cet écho résonne toujours dans son esprit, comme un vestige implacable d'un passé chaotique. Prenant la de souvenirs qui n'ont jamais reçu eu leurs parts de bonheur, elle se relève physiquement tandis que son subconscient s'effondre sur lui même avec le temps. Le plaisir du combat, la colère, la haine, le désespoir, la mort, tant de nuances sombres qui viennent peindre le tableau tragique de la vie de la jeune fille.

Pour autant, cet ensemble chaotique, fondement de son âme, se retrouve caché par des faux souvenirs qui ne cessent de se nourrir de ces tourments. On lui a donné une vie heureuse, bien qu'imaginaire, elle est si bien faite qu'elle s'y attache sans condition. Le mensonge est parfois une torture préférable à la vérité. Son cerveau, lessivé, effacé, formaté, est bien plus préférable à ce qu'il est que ce qu'il était. Désormais elle ne tremble plus, elle revoit ce faux parchemin comme s'il était le scénario originel de son existence. Elle se surprend à sourire, à connaitre le bonheur. Mieux, pour la première fois, sa vision intérieure peut contempler les couleurs magnifiques des sentiments. Elle a tellement envie d'y croire qu'elle finit par tôt ou tard à ne plus douter une seule seconde de leurs véracité.

Telle une cascade dont on aurait visionné que la source, ce qui en découle est alors un flot de sentiment incontrôlable. De l’excitation, une euphorie sadique inarrêtable qui s'écoule dans les nerfs de la jeune femme. On ne peut plus l'enchainer, personne ne le peut désormais, elle est libre. Le désespoir qu'elle a tant craint n'est plus. L'air qui s'engouffre dans ses poumons procure une sensation différente. Tout est différents, le ciel, l'air, jusqu'à l'odeur de la nature qu'elle n'avait jamais su comprendre.

Elle se sent toute puissante, à la tête d'un monde qu'on ne lui avait que trop caché. Son regard emplis d'excitation se retrouve aussi remplis d'une haine sans fin. Alors qu'elle se dévoile entièrement à un faux monde, pour la première fois, elle peut lui faire subir tous ce qu'elle avait gardé en son fort intérieur. La puissance s'écoule dans ses veines, si bien qu'elle obstrue absolument tout jugement. Telle une entité entrant dans une folie berserk, Ryuko sous l'emprise de sa mère n'a préservé aucune notion de ce qu'elle était.

Elle aime ce qu'elle avait détestait et déteste ce qu'elle avait tant aimé. Si on devait la décrire, elle ne serait qu'un amas de violence, ne vivant que pour détruire autrui. Une raison ? Pourquoi en avoir, elle veut se défouler sur un truc, une chose, une personne qu'importe. Elle n'a besoin d'aucune justification  pour ça. Un regard déplacé ou bien le simple fait de respirer trop près d'elle, il y a tant de prétexte inutile qu'elle peut utiliser. Elle se fout littéralement du regard que porte le monde sur elle, qu'on la craigne ou qu'on l'admire, cela n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne vous arrache la peau qui vous sert de visage. De la violence on passe à un sadisme profond, un combat n'est savoureux que lorsque son ennemi souffre. Elle n'a que faire des supplications, elle veut seulement entendre le son des os craquer un à un jusqu'à que cela ne ressemble qu'à une mélodie funeste.

Ryuko est désormais l'inverse de ce qu'elle était. Inarrêtable et nourrit par une haine sans fond, ceux qui avaient les moyens de lui faire retrouver la raison on étaient séparés d'elle.

L’apparence est le vêtement de la personnalité.

Dangereuse. C'est la première impression lorsqu'on contemple son visage déformé par la brutalité et l'excitation. Ses cheveux comparable au chaos se perdent dans une multitude de couleurs contrastées les unes entre elles. Alors que sa mèche rouge est toujours présente venant s'affaler sur son visage, le bas de sa chevelure se voit envahit d'un bleu éclatant tranchant avec le noir de jais qui trône sur sa tête. Plus tard, lorsque notre regard arrive à avancer dans sa contemplation, on peut contempler des yeux emplis d'un sentiment d'extase profond. Portés par des sortes de cernes d'un rouge tout aussi éclatant que sa mèche, une bête sauvage est capable par instinct de savoir qu'il ne faut pas embêter Ryuko rien qu'en soutenant ses yeux embrasés.

Le reste de son visage ne déroge pas avec l'ensemble, ses lèvres crevassées signe d'une nervosité poussée à l’extrême. D'une manière générale, outre le corps tel qu'il est, la tête de la jeune fille porte en son sein des expressions qui n'ont rien à voir avec la joie ou la tristesse. La colère, le plaisir parfois, la moquerie, tant de vices qui viennent se pavaner et se mettre en spectacle sur cette pièce de théâtre faite de chaire et de sang.

Par la suite, c'est son corps qu'on ose arpenter. Fin, musclé, il n'y a rien qui ne devrait pas être là. Forgé par ses années de délinquances juvéniles et surtout par ses origines exceptionnelles, Ryuko est une véritablement machine de guerre physiquement parlant. Athlétique, malgré ses nombreux et douloureux combats, il ne reste plus rien de ses diverses blessures. On rajoute à cette perfection une taille raisonnable et des courbes assez généreuses et on obtient une jeune fille plus que plaisante à admirer pour tout type d'age. Malheureusement, c'est sans compter sa brutalité et sa violence qui vient très vite faire déchanter ceux à l'esprit trop intrépide.

Quant à ses styles vestimentaires, lorsqu'elle avait l'occasion de se changer, elle se grimait toujours derrière une apparence de garçon manqué. Désormais, Junketsu n'est plus que son habit. Cousu littéralement à sa peau, elle ne peut se défaire de lui tout comme il ne peut se délier d'elle. Ainsi, elle se retrouver à arborer une tenue qui appartenait autrefois à sa pire ennemie. Très osée lorsqu'elle combat, elle n'en a plus rien à faire de ce qu'elle porte. Par ailleurs lorsque sa démarche n'est pas agressive, elle est toujours emplie d'une aura néfaste, si bien qu'il est facile de discerner en elle ses mauvaises intentions.  

La douleur est l'auxiliaire de la création.

Au départ, elle n'était rien, sa mère ne la regardait qu'avec des yeux déments. Sa naissance ne se justifiait que par ses gènes compatibles pour l'expérience qui allait suivre. Elle n'avait jamais été une seule seconde considérée comme un nouvel être, non, dès le départ, elle était le sujet d'un projet macabre. Sa mère totalement aliénée voulait la transformer en arme, pousser le vice jusqu'à son paroxysme. Malheureusement, la désillusion se fit rapidement, malgré sa jeunesse extrème, elle était déjà un fruit bien trop mûr pour être compatible. L'expérience fut un échec, enfin, c'était ce que tous le monde pensait, ainsi, on la jeta, tel un déchet qui n'avait plus aucune utilité. A quoi bon s'occuper d'un enfant qui n'avait même pas remplis son rôle de départ ? Tel un chiot à qui on aurait fracassé le crâne contre la pierre froide, on la délaissa aux ordures.

Son père, acteur de son funeste sort ressenti un profond sentiment de culpabilité. Il était horrifié par la cruauté dont était capable celle qui se revendiquait être sa femme. Il en avait assez de continuer à tendre la main au diable. Ainsi, il récupéra sa fille et parti, sans ne laisser aucun mot, bloquant alors les recherches dont il était le principal moteur. Se cacher d'une femme à la tête du monde n'était pas chose aisée, il dut dire adieu à sa première fille et cacher la vérité à la cadette. Il ne fallait pas qu'elle découvre cela, pas maintenant, quitte à ce qu'elle en souffre par la suite.

Et cela ne loupa pas, Ryuko s'engagea dans une vie particulièrement décadente. Son père n'avait que très peu de temps à lui accorder, elle était livrée à elle même, privée d'une mère qu'elle croyait disparue et d'un père qui lui était inaccessible. Comme tout enfant évoluant dans un monde embrumé d'incompréhension, elle vint à développer des traits rebelles. Très jeune on pouvait déjà la qualifier de fille turbulente, toujours à la recherche d'une altercation, d'un moyen de se défouler physiquement à défaut de pouvoir évacuer autrement. Plus tard, on l'affubla du sobriquet de délinquante. Le pire de tous cela c'était que personne ne semblait s'en soucier, pas même elle.

Pourtant, malgré son parcours chaotique, elle n'était pas réellement une méchante personne. Elle était d'un très bon fond, c'était juste que le monde ne lui permettait pas d'exprimer cette partie d'elle. Cependant, tout changea subitement, lorsqu'un jour, elle revint chez elle pour ne voir s'offrir qu'un spectacle désastreux. Sa maison, avait prit feu, celle-ci explosait de part et d'autre. Seule une ombre vint trancher avec cette vision insoutenable, elle prenait la forme d'une jeune femme aux traits indiscernables, fuyant les dégâts qu'elle avait elle même causé. Ryuko s'engouffra dans sa maison, elle chercha son père longtemps avant de tomber sur son corps vide de la moindre étincelle de vie. Elle cria, pleura jusqu'à que sa voix déraille, elle avait tant aimé son père, sa seule famille que le simple fait qu'on le lui soutire la plongeait dans une colère et une peine sans fond. Voyant alors l'arme que son père avait laissé derrière lui, elle se jura de tuer l'assassin de son père de ses propres mains.

S'en suivit un moment de recherche pour finalement déboucher sur une académie où elle était certaine de trouver à sa tête la tueuse de son père. Elle avait déjà un nom en tête de liste, un visage sur qui se déchainer, celle-ci n'était autre que Satsuki Kiryuin, une bourgeoise arrogante ayant asservi toute la ville du haut de son batiment. La vengeance se complaisait avec la fougue de Ryuko, bien que sa proie semblait intouchable, elle allait simplement l'affronter en face et lui faire payer la souffrance qu'elle avait engendré.

Qu'elle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle se vit accablé par un sous fifre de base doté d'une puissance artificielle. Après cette honteuse d'expérience où elle fut contrainte de ruser pour survivre, la perte de son père ne lui fit que plus mal encore. Si elle ne pouvait le venger, que lui restait-il ? Plus de famille, aucun ami, aucune maison, seulement des ruines et des souvenirs douloureux. Mais, le destin avait d'autres projets pour la jeune femme, ainsi, à la suite d’événement étrange et hasardeux, elle trouva le moyen de mettre en déroute cette petite société que Satsuki avait construite. Un moyen de botter son cul de péteuse !

Ce qui suivit se fit non sans difficulté, elle s'adapta rapidement à ce train de vie spartiate. Chaque jour se révélait être une nouvelle épreuve, une nouvelle raison de voir son corps se meurtrir. Qu'importe, elle s'approchait de son objectif, petit à petit, elle allait avoir la tête de son ennemie jurée. La vengeance était la seule raison qui la poussait à commettre tous ses sacrifices. Supprimant sa pudeur, elle en vint rapidement à se résoudre à porter Senketsu sans éprouver une once de honte.

Si elle avait continué dans sa lancée frénétique, elle aurait probablement fini par se venger. Néanmoins, la vie lui a prouvé plus d'une fois qu'elle n'était jamais ce qu'elle semblait être. Un rebondissement, un changement dans ses plans vint la frapper sans crier gare. Celle qu'elle avait accusé de toutes les horreurs du monde était en réalité sa soeur tandis que le véritable coupable de cette machination se présentait à elle. Pour la première fois, elle perdit la raison, sa rage berserk n'avait rien de glorieux. Son corps totalement déformé sous la colère, si l'amitié qu'elle avait développé durant son séjour ne s'était pas interposée, elle aurait sans aucun doute périt sous sa propre rage. Telle une épée qu'on aiguise sans cesse et qui finit par devenir poussière.

Par la suite, l'anarchie prit rapidement le dessus sur la situation. Les révélations s'enchainèrent une à une. Sa véritable origine, ce dont elle était véritablement constituait. Tous ce qu'elle avait pu vivre se retrouvait n'être que pure tromperie. La vérité était une véritable torture pour la jeune fille qui s'isola de ses amis jusqu'à son plus fidèle allié. Elle n'arrivait plus à les regarder dans les yeux. En quelque sorte, le brouillard d'incompréhension avait fini par se dissoudre pour laisser place à une réalité effroyable qu'elle était incapable de gérer.

Plus tard, elle tenta encore une fois de se venger mais ce fut une nouvelle fois un échec crucial. Un lavage de cerveau en profondeur fut sa punition et sa délivrance à la fois. Elle qui n'arrivait plus à jongler entre ce qu'elle devait faire ou pas était désormais libérée de tout ses fléaux. Prise d'une soif inconcevable de pouvoir, elle fut coupée dans sa volonté de mettre fin à la vie de ses amis par un portail qui n'avait rien à faire ici. Si sa rage ne l'avait pas aveuglé, elle aurait probablement puis s'extirper de cette situation malencontreuse mais, il était déjà trop tard lorsqu'elle le remarqua.

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