Je me voyais déjà devant les portes de l’Enfer et affronter Cerbère jusqu’à la fin des temps, si l’on croit la religion humaine. Chez les Fafnirs, on dit que l’on rejoint les Dieux Dragons et que notre sort dépendait de nos actions effectuées durant notre vie. Si nous avions été bons, alors nous pouvions chevaucher les divinités jusqu’au ciel et reposer en paix. À l’inverse, ils nous dévoraient tout cru et nous digéraient pendant plus de 1000 ans. S’il était vraiment question de dragon dans la mort, il me serait venu me chercher tout de suite, or ce n’était pas le cas. Pour tout vous dire, j’avais perdu la notion du temps pendant ma chute. Je commençais à m’impatienter, c’est quand que, je crève bordel ?? Puis, soudain, je sentis mon corps lourd être jeté sur de l’herbe.

Lorsque j’ouvris mes yeux, je vis que le ciel rouge et que tous les signes de l’apocalypse avaient disparu. Je n’étais pas au pied d’une montage où se déroulait au sommet un combat qui déciderait du sort de Midgar. Là, j’étais sous un ciel bleu dont je ne pouvais voir pleinement à cause du feuillage des arbres. J’essayais de me relever avec beaucoup de difficulté. Tout mon corps était tâché de sang et couvert de poussière, mes habits déchirés par des coups d’épée…. J’étais blessé à hanche gauche, il m’avait bien visé cet enfoiré. Entre la douleur et la fatigue, j’étais sûr d’une chose : je n’étais pas mort. J’étais bel et bien vivant. Je ne me sentais pas léger, j’étais encore dans mon corps entaillé de partout dénonçant la dure bataille que j’avais menée avant d'atterrir ici. Si nous avions été bons, alors nous pouvions chevaucher les divinités jusqu’au ciel et reposer en paix. Je ne connaissais aucun sort de téléportation…. Attendez, j’étais encore blessé ? Pourtant, la Jadéiste sur mon front devait me soigner et pourtant…. Je ne comprenais pas, où étais-je putain ? Vous voulez entendre la meilleure ? J’avais l’impression que l’on m’avait dérobé tous mes pouvoirs. Du moins, une très grosse partie. Je me sentais très faible…… Et non parce que je venais de mener un rude combat, par contre, c’était comme si je n'étais plus jamais capable de jeter de gros sort même en étant en pleine forme. Mais, pour l’heure, je devais chercher quelqu’un. Je ne devais pas être seul ici. J’espérais que je n’étais pas seul ici. Sinon…… L’enfer n’était pas si terrible que ça en apparence.

Je vis qu’Illurion, mon coutelas, était juste à côté de moi. On dirait que mes autres armes avaient disparu, eux aussi. Je ne les voyais nuls part. Tout cet endroit paraissait naturel, mais au fond, tout était bizarre. La Jadéiste qui perdait ses pouvoirs, la majorité de mes capacités avaient disparu et toutes mes armes volatilisées. J’utilisais Illurion comme appui pour me tenir debout et pour marcher. Il fallait que je sache où j’étais et je devais trouver un moyen de rejoindre Harry, ma fille et les autres. J’espérais qu’ils allaient bien. Si le ciel était redevenu bleu, alors ils avaient pu vaincre Satan. Si le ciel était redevenu bleu, alors ils avaient pu vaincre Satan. Et je n’étais pas au bout de mes surprises.

En arrivant sortant de la forêt, je constatais déjà que je me trouvais en hauteur. Je pouvais apercevoir de loin une architecture m’étant inconnu. Le vent faseyant mes cheveux, mes yeux écarquillés regardaient ce spectacle désolant. Tout semblait en ruine. Étant un pirate, j’avais découvert beaucoup de choses que je n’aurais jamais imaginées même dans mes rêves les plus fous. En tout cas, cela m’étonnerait que je puisse retrouver une âme vivante dans le coin, à moins qu’il y ait un village ou une cabane.

Neal : *Tousse* *Crachat de sang*

Merde, je perdais trop de sang. Même si j’avais encore la totalité de mes pouvoirs, je ne connaissais aucune magie curative. Me voilà à genoux, penché vers l’avant, ma main droite devant ma bouche où l’on voyait le sang couler et ma main gauche sur l’entaille positionnée sur la hanche droite. A ce rythme, je vais vraiment y passer si j’étais encore vivant. Non, cela ne faisait aucun doute, j’étais vraiment vivant. Putain, la Jadéiste a bien choisi son moment pour ne plus fonctionner. Ma vision commençait à être troublée, tout devenait de plus en plus flou. Peut-être que j’avais encore assez de force pour créer du feu et cautériser la plaie. Malheureusement, à peine, j’eus cette pensée que tout était devenu noir. J’avais perdu connaissance…..

Voix de petite fille : Papa ! Papa ! Regarde, j’ai trouvé un joli coquillage !

J’apercevais ma fille Jade, lorsqu’elle était âgée de 4 ans, dans sa petite robe blanche me tenant un magnifique coquillage bleu et blanc (Image) avec son sourire lumineux. Je le lui rendis en complimentant son buccin, sous les yeux de ma femme Elisabeth. Je me rappelais de ce jour-là. Un pirate était venu sur mon île pour me prévenir qu’une bataille aurait eu lieu et que ma présence était requise. Je voyais défiler sous mes yeux les boulets de canon des armadas adverses transpercer les voiles de mon navire, les cries de guerre de mes hommes diminuer et les mats tomber, leur poids faisant couler mon bateau. J’avais toujours pensé être le seul survivant pirate, mais peut-être que d’autre avaient réussi à s’échapper. Des regrets ? Seulement d’avoir failli à ma tâche de capitaine. Un capitaine se doit d’être le dernier à bord de son navire et mettre son équipage à l’abri. Par contre, je ne regrettais pas d’être resté en vie, car j’avais pu tuer Yban au final et lui faire payer tout ce qu’il m’avait fait subir….

Mon but étant achevé, je ne disposais plus de raison pour vivre, alors autant mourir. La vie banale, ce n’était pas pour moi. Recommencer à voyager en mer ? Seul, c’était impossible, je commençais à prendre goût de faire partie d’un groupe, de manger ensemble, de dormir ensemble, de rire ensemble, de pleurer ensemble…..Et d’être ensemble. Mais, pour ça, il faudra que je recrute un équipage, chose pas particulièrement de facile. Le monde avait changé en plus d’un quart de siècle, et la population vivait dans la peur d’être libre dans les mers. Yban avait bien fait son boulot, de faire régner l’ordre. Dans tous les cas, je n’avais plus aucune raison de vivre….Jade, ma fille, était entre de bonne-main, avec Harry. Et les Fafnirs ne me connaissaient pas comme l’un des leurs.

J’étais désormais seul….

Plus aucune image défilait sous mes yeux. Ma vue était entravée par les ténèbres, par contre mes autres sens demeuraient toujours intacts. Je sentais l’odeur d’un feu de camp et entendais des crépitements. La douleur avait presque disparu et je me sentais plus calme mentalement. Lorsque j’ouvris les yeux, toute ma vision était floue. Elle devenait rapidement plus claire en quelque seconde, mais je m’étais déjà aperçu que je n’étais plus seul. Mes yeux reptiliennes dorés étaient posés sur une jeune blonde aux yeux lilas se trouvait près de moi. Je compris rapidement qu’elle avait eu la bonté de déchirer en plus mes vêtements déjà en sale état et d’avoir pansé la blessure qui m’avait fait tomber connaissance.

Neal : Yo !

Je me contentais de lui lancer un sourire avec un signe de la main pour la saluer. Ce n’était pas convenable pour cette jolie demoiselle, mais après tout, je n’étais pas en état pour effectuer une meilleure salutation. Je me redressai avec difficulté, la dent de dragon incandescent attaché à mon collier tombé sur ma poitrine, mon tatouage en forme de flamme flamboyant visible sur le haut de mon bras droit toujours intact. Je sentais que je ne devais pas faire beaucoup d’effort au risque de rouvrir la plaie. Après tout, cela serait irrespectueux de ma part de saccager le travail de la miss.

Neal : Je crois que je me dois de vous remercier de m’avoir guéri, jeune demoiselle. Seulement, je me vois navré d'abuser encore de votre bienfaisance. Pour tout vous dire, j’ignore où nous sommes et je n’ai aucune idée du comment et pourquoi j’ai atterri ici.

Je ne me doutais pas de sa gentillesse. Sinon, elle ne m’aurait pas sauvé la vie alors que je n’étais qu’un inconnu et qu’il était plus facile de me laisser à mon triste sort. Étant assis, je pouvais constater qu’il y avait plusieurs objets par-ci, par-là, ce qui supposait qu’elle avait sorti tout ce qu’elle possédait pour trouver un moyen de me guérir. Ce qui attira le plus mon attention, c’était le fait qu’elle possédait plusieurs crayons et qu’elle avait établi un plan de travail avec une feuille. Je ne comprenais pas, c’était comme si elle s’était préparé à dessiner quelque chose. Peut-être qu’elle cherchait une activité pour passer le temps, attendant que je sorte de mon sommeil. Si c’était le cas, elle était plus gentille que je ne l’imaginais. Mais, cette qualité était-elle accompagnée de la naïveté ou était-elle tout de même intelligente ? J’attendais sa réponse pour pouvoir confirmer ou non mes doutes.