Non, il n'avait rien dit de mal, rien fait de mal. Il avait eu le droit au prénom de la demoiselle qui avait marqué son prénom dans le registre pour l'avertir par la suite comment ça se prononçait. Il n'avait pas osé lui dire qu'il le savait, ayant entendu les deux autres types bizarres l'appeler par ce même nom qu'elle venait d'écrire. Elle répondit ensuite à sa question concernant les armures. Non elle ne le remballa pas mais lui dit simplement que les armures des hommes étaient plus lourdes que celles des femmes. Toujours en regardant le sol il secouait légèrement la tête, faisant ainsi comprendre qu'il avait enregistré l'information. Il ne se demandait pas pourquoi est-ce que la gente féminine avait le droit d'avoir un équipement aussi léger : après tout, est-ce que les dames n'étaient pas moins fortes que les hommes? Ce n'était pas machiste ce qu'il pensait, oh loin de là, mais juste que dans la société dans laquelle il avait grandi on lui avait appris à penser ainsi. Mais attendez... "Hommes"... Elle voulait dire "Hommes", "humain"? Elle venait tout juste de parler des elfes là. Oh il avait mal compris, elle était un être elfique, une vraie? Un être avec des oreilles pointues? Il en avait vu dernièrement mais ne leur avait pas adresser la parole si ce n'était que des formules de politesse. Il avait également viré un de l'ancienne auberge dans laquelle il avait travaillé, s'étonnant lui-même de voir que ces créatures dites sages et calmes pouvaient être véritablement casse-pieds lorsqu'un nain venait lui chercher les noises.

Xenosia rentra par la suite dans sa chambre, l'invitant par la suite. Peut-être voulait-elle parler de quelque chose d'important. Ceci dit, n'ayant pas envie d'avoir des problèmes avec son directeur et le reste des employés et si jamais il venait à se faire agresser, Mike entra en laissant la porte ouverte derrière lui. Sauf en cas de pépin, il n'avait pas le droit d'entrer comme ça dans les chambres des clients mais vu que la demoiselle l'y avait invité pour entamer une discussion il ne pouvait pas risquer de la contrarier en retournant en bas. Restant aussi droit qu'un poteau et à quelques mètres de la sortie, l'agent de sécurité gardait son, sérieux.  Ce fut à son tour de poser des questions, à commencer en quoi elle lui avait sauver la mise affirmant par la suite que les deux soit-disant pays n'étaient pas méchants. Elle les connaissait donc. Si elle lui disait qu'il n'avait rien à craindre d'eux, peut-être qu'il devait arrêter de craindre ces deux gugusses. Mais comment la croire? Ces deux gugusses n'avaient sans doute pas la lumière à tous les étages et il pouvait en être de même pour cette femme qu'il venait tout juste de rencontrer. Malgré ses paroles il devait rester prudent. Il répondit tout simplement :

"Ce type de personnes.... font un peu peur quand même... On ne sait pas comment réagir avec eux et lorsqu'on leur engage la conversation, c'est comme marcher sur des œufs..."

Suite à cela, l'elfe se mit aussitôt à enlever sa capuche, dévoilant ainsi une balafre. Son monde devait bien être dangereux, bien plus que le sien. Si la vie elfique était comme dans les livres qu'il avait lu dans sa vie, sans doute avait-elle du se battre pour survivre. Puis elle sortit une dague pour jouer. Quant à Mike, son instinct de survie ayant nettement augmenté depuis un certain job, il recula d'un pas, bien décidé à se défendre ou même à fuir s'il venait à ce que cette arme blanche était destinée à être plantée dans sa poitrine sous laquelle le cœur battait lentement. Heureusement pour lui, l'objet de ses craintes fut rangée, toutefois un regard sérieux fut dirigé dans sa direction. Il baissa doucement les yeux, n'ayant pas envie de regarder celle de la cliente.

"Et bien..... c'est que..."

Avouer qu'il était un poltron n'était pas une mince affaire. S'il serait resté l'homme d'autrefois il aurait depuis belle lurette voyager dans tout Horizon en mode "OSEF qu'il y ait des bêbêtes, moi je me balade, je ne reste pas ici", mais maintenant il était plus du genre à chercher la sécurité qu'à satisfaire sa curiosité. Il baissa également la tête, préférant regarder le sol. Il avait l'impression d'être un gamin de sept ans dont la mère lui demandait pourquoi il n'était pas à la sortie de l'école lorsqu'elle est venue le chercher. Il se mit à jouer avec ses doigts.

"Vous savez... mon monde est différent de celui-ci... Donc.... je ne suis pas habitué à vivre dans un endroit comme celui-ci..."

Faut dire aussi que passer de l'électricité aux bougies ça faisait un petit choc aussi. Mais bon, il commençait à s'habituer à vivre dans technologie même s'il devait bien avouer que ce serait plus rassurant de pouvoir allumer la lumière et plus pratique de regarder autour de soi lorsqu'un bruit suspect se faisait entendre. Il leva légèrement la tête et caressa sa matraque.

"Puis je ne sais que manipuler que ça comme arme.... Puis qui me dit que je pourrais survivre à l'extérieur de ce village? Tout seul c'est risqué.... surtout que je dois bien avouer que s'il y a des gens en armure comme vous.... des créatures immenses... des personnes surentraînées aux armes blanches....  et qu'on m'attaque, je ne pourrais absolument rien faire.... Y'en a même qui ont des pouvoirs, je ne sais pas comment ils font mais pour sûr.... Vous savez, ce n'est pas la motivation qui me manque.... juste le courage....  Il me faut juste un peu de temps pour pouvoir partir hors du village. J'ai déjà fait le voyage Yaga-Sylviosse, ça s'est bien passé. Un jour je ferai un petit tour de ce monde...."

Il ne survivra pas, il le savait. Il sera mangé par un éléphant-limace sorti de nulle part qui, affamé, changera son régime alimentaire pour devenir carnivore et par la même occasion un redoutable prédateur. L'agent de sécurité regarda de nouveau la jeune femme avant de lui demander :

"Je devine que vous avez beaucoup voyagé... n'est-ce pas? Vous venez de...."

Quels étaient déjà les pays voisins? On le lui avait maintes fois répétés et pourtant il ne s'en souvenait plus. Bon, s'il y avait un nom qui se répétait toujours c'était souvent :

"Krome? C'est ça?.... On voit beaucoup de personnes qui viennent de là... Je ne sais pas ... pourquoi ils sont attirés par Viridia...."

La réponse de l'elfe l'avait surpris. En fait, elle avait peut-être raison. Peut-être que pour un poltron il avait du courage de  surveiller une auberge malgré les risques de bagarres et de se faire poignarder. Mais peut-être disait-elle ça tout simplement pour le rassurer car, après tout, il serait malpoli à quelqu'un qu'effectivement il était un lâche pour ne pas oser s'aventurer hors de la ville et même du quartier. Mais bon, rien qu'à entendre ces paroles lui faisaient plaisir et même un peu de confiance en lui… du moins très peu. La femme partit, le laissant ainsi seul dans le grand couloir de l'auberge. Il laissa échapper un soupire tout en se grattant l'arrière du crâne : cette elfe avait pu énormément voyager dans sa vie et continuait à en faire de même sur Horizon et pourtant elle était encore en vie. Certes elle avait une balafre sur le visage mais…. ATTENDEZ?! "Je tue"?! Elle avait bien dit qu'elle avait tué des gens, non? Il était concon certes, mais pas sourd quand même. Classeur en mains il regarda en direction par laquelle était partie Xenosia, bouche bée. Oh bon sang, une criminelle, une meurtrière, une tueuse en série, une psychopathe était là, dans ce bâtiment et  elle pouvait massacrer les gens à tout moment! Non, elle n'allait quand même pas faire ça? Il y avait des amis dedans, puis des innocents ! Il y avait également des enfants!

"Non non… arrête de t'imaginer tout et n'importe quoi… se dit-il en se cognant la tête contre le mur voisin. Allez…. Elle disait ça pour plaisanter… Faut pas avoir peur… Faut pas… Kyaouh!"

Il lâcha ce cri tout en sursautant lorsqu'il vit la porte la plus proche s'ouvrir et une femme en sortir avec un masque de soin et des concombres sur les yeux. Non mais attendez… Même en arrivant dans un monde inconnu certaines personnes arrivaient à trouver le temps pour prendre soin d'eux? Puis plissant un peu mieux les yeux, il remarqua que non, les concombres n'étaient pas des crudités mais vraiment….. Des yeux. Oh oui, il avait oublié cette créature bizarre.

"Quelque chose ne va pas?" demanda Mike, rouge de honte d'avoir crier de peur.
-J'entends du bruit sur le mur…
-Veuillez m'excuser…. J'avais besoin de me frapper….
-Si vous voulez je peux vous aider….
-Non merci c'est aimable de votre part…. Je vous souhaite une bonne soirée et veuillez me pardonner pour la gène occasionnée… Au revoir….

Et sans demander son reste, il se dirigea vers les escaliers. A un moment il s'arrêta sur les marches, pensif. Est-ce qu'il ne ferait pas mieux de surveiller cette elfe? Et si elle s'avérait être une dangereuse pyromane? Il fallait qu'il garde un œil sur elle. Pas qu'il ne lui accordait pas sa confiance…. Mais presque. Il finit par descendre les marches et croisant l'une de ses collègues qui commençait à partir vers le comptoir lui demanda de rapporter le registre., la remercia et se dirigea dans la salle,  observant tout le monde. Il trouvait quelques personnes qui buvaient de l'alcool sans trop en boire pour autant, quant à d'autres ils préféraient largement un jus de fruit ou un lait produit dans la région. Certains parlaient, riaient, jouaient, d'autres se terraient dans leur solitude, silencieux comme des carpes à qui l'on aurait arraché la corde vocale (attendez, c'est utile ça?). Son regard passa vers le comptoir où Xenosia et les deux tarés de dit "pays" semblaient prendre du bon temps ensemble. Enfin plutôt un taré puisque l'autre avait disparu. Une femme qu'il n'avait pas vu auparavant buvait et elle lui rappelait étrangement le dit "Prusse". Il laissa échapper un soupire ; l'aubergiste servait en ne disant mot, peut-être qu'elle en avait marre de se battre contre l'alcoolisme ou tout simplement parce qu'elle était trop gentille. Peut-être même avait-elle envie de l'enquiquiner en lui donnant du boulot. Plusieurs questions se posaient dans la tête du pauvre gardien de nuit : est-ce que les gugusses étaient de mèche avec Xenosia? Si oui, avaient-ils prévu un coup comme un braquage? Allaient-ils essayer de tuer tout le monde? Et comment allait-il faire, lui, Mike Friedrich Schmidt, un simple agent de sécurité pour les arrêter afin de faire correctement son travail mais également pour sauver la vie des autres? Remarque, des hommes armés il y en avait tout l'auberge et même autour du bâtiment. Il fallait juste espérer qu'ils ne soient pas plus peureux que lui.

Alors qu'il s'approchait de la porte pour mieux la fermer, il se sentit observé. Lorsqu'il tourna son regard en direction du comptoir il remarqua le russe s'approcher de lui. Oh mince, mais qu'est-ce qu'il voulait le buveur de Vodka? Il en avait pas assez? Souhaitait plus d'alcool? Ou peut-être qu'il n'avait pas aimé  comment il lui avait adressé la parole toute à l'heure. C'est vrai qu'il avait été un peu agressif, voire même un peu trop autoritaire. Se déplaçant également en sa direction il s'arrêta ) quelques mètres de lui et essaya de prendre un air assez sérieux, mais pas trop quand même (oui oui ça existe) après avoir prit son courage à deux mains.

"Je vous prie de m'excuser Monsieur pour toute à l'heure…. Voyez-vous, ce travail est fort fatiguant et surtout stressant. Faire plusieurs heures de suite, autant dire que je suis souvent à cran et lorsqu'il y a une forme de violence au sein de l'établissement je ne peux rester aimable. Veuillez m'excuser pour mon comportement."


Bon, fallait pas non plus qu'il soit rancunier, sinon c'était la mouise. Il fallait qu'il puisse observer ces trois… enfin quatre avec la femme, individus et s'assurer qu'ils n'étaient pas dangereux pour les voyageurs et les habitants de Sylviosse, quitte à faire des heures supplémentaires. Remarque, les heures en plus pour être payé une misère, c'était son habitude alors, autant dire qu'il allait pouvoir gérer la chose, ou du moins il l'espérait. Si de l'extérieur on pouvait voir un gars qui était droit et soit disant courageux, de l'intérieur il y avait une petite voix qui faisait "je vais crever, je vais crever, je vais crever" dont l'écho semblait faire, étrangement "Je suis un espion, un agent secret, je suis un membre de la FBI…". Oui, il n'était pas seul dans sa tête, mais la faute à qui?

"Sinon j'ai vu que vous vous dirigiez vers moi… Vous me souhaitez parler de quelque chose? Y aurait-il un soucis? Un client peut-être vous aurait importuné?"

 (

Décidément, il avait l'impression d'être la bonne à tout faire dans cette auberge. Et oui voilà qu'en plus d'être gardien de nuit, serveur et peut-être femme de ménages lorsqu'on avait un peu besoin d'aide voilà qu'à présent il s'occupait des chambres. Il était gentil ce gugusse mais malheureusement il ne pouvait pas tout faire non plus. S'il faisait tout dans l'auberge…. Bon sang, il devrait demander un salaire plus élevé que celui qu'il gagnait en fin de journée. Mike jeta un regard discret en direction du comptoir : malheureusement pour lui qui souhaitait s'éloigner au plus du russe voilà que sa collègue était trop occupée par quelques personnes qui cherchaient à boire ou simplement à discuter. Il avait bien envie de lui demander de faire son travail mais comme elle était la fille du patron, autant dire qu'il ne devait pas ouvrir sa bouche au risque de se faire virer par le grand paternel. Il serait temps que ce dernier arrête de faire le radin et engage d'autres personnes, déjà que le cuisinier et la femme de ménage en bavaient…. De l'aide ne serait pas la malvenue. Bon tant pis, il allait devoir s'occuper du registre une nouvelle fois.

"Je vais voir ça."

Il n'avait absolument pas confiance en ce gars et encore moins à l'elfe qui arriva vers eux.

"Oui toujours. Cela vous est-il dérangeant?" osa demander Mike.

Mais que voulait-elle? Pourquoi une telle question? Est-ce qu'il avait bien fait de répondre positivement à la question de la demoiselle? D'un côté elle pouvait souhaiter d'avoir beaucoup de victimes à qui soutirer de l'argent et des objets de valeur, d'un autre elle pouvait peut-être espérer que ce ne soit pas le cas afin qu'il n'y ait pas trop de témoins. Mais d'un côté, n'était-elle pas une tueuse? Lorsque les deux camarades se mirent à chuchoter entre eux, le métisse eut le réflexe de bien observer leurs lèvres pour essayer de voir ce qu'ils disaient. Malheureusement il aurait sans doute préféré ne pas savoir le sujet de leur discussion. Bon, vu que Xenosia avait sa bouche cachée, il ne pouvait que fixer celle de Russie.... et vu que la première était une tueuse et le sourire inquiétant que prenait le second, il devinait l'objet de cette petite discussion. Voulaient-ils tuer quelqu'un? Mais qui donc? Et pourquoi ce communiste le fixait? Non, ils ne pensaient pas à lui? Quand même… D'accord il lui avait mal parlé mais ce n'était pas pour autant qu'on devait le supprimer… A moins que ce ne soit une technique pour supprimer le gardien de sécurité afin de mieux pouvoir voler les gens….. Non il ne fallait pas s'imaginer tout et n'importe quoi, il ne fallait pas être parano ! Fixant droit dans les yeux du fou, il ne pouvait pas regarder ailleurs. En fait, il devait avouer qu'il était terrorisé à l'idée d'avoir de dangereuses personnes dans l'auberge, des types qui seraient prêts à faire couler le sang sur le plancher…. Il se devait de protéger les clients, mais comment faire lorsque l'on est tout seul? Surtout que malheureusement pour lui, ses collègues ne le croiraient jamais s'il leur racontait qu'il y avait des évadés d'asile psychiatrique sous le même toit qu'eux… Tant pis, il fera des heures supplémentaires, il ne dormira pas cette nuit, il fera des rondes, etc… Il ne fallait pas laisser ces gugusses faire quoique ce soit.

 Le rire de l'homme le fit sortir de ses pensées : et en plus il se moquait de lui? Si jadis il lui aurait pris par le col (kol) pour lui cracher au visage, il préférait maintenant tourner les talons et commencer à s'éloigner pour rejoindre le comptoir.

"Si vous voulez une chambre il faudra passer par le registre, merci." dit-il à mi-chemin.

Il n'avait pas envie de garder ce trio (ou quatuor, où était l'homme qui se prenait pour un pays?)  mais malheureusement il n'avait pas le droit de refuser de la clientèle, ou du moins pas avant qu'ils ne commettent quelque chose de grave, ce qui était fort problématique. Il laissa échapper un soupire en arrivant près de sa collègue et feuilleta le registre à la recherche d'une chambre proche de celle de Xenosia, histoire à ce que ce soit plus facile à les surveiller. Il en trouva une et, soulagé, prit la clé et tourna vers le russe avec le fameux classeur.

"Nous avons une chambre de libre… Pour deux, ça vous convient?"

De toute façon ils n'avaient pas le choix, ils devaient la prendre pour qu'ils soient plus facile à surveiller. Observant Xenosia il attendit la réponse du russe.