Alors qu'il commençait vraiment à prier son dieu en chantant une cantique, les yeux fermés il fut sauvé par Xenosia, à sa grande surprise. Tombant au sol après avoir été projeté contre le mur, Mike regardait la scène quelque peu abasourdi. Il était vrai que l'elfe aurait pu se débrouiller toute seule non seulement parce qu'elle était une assassine mais également parce qu'une boîte de conserve ne pouvait être battu que par une autre boîte de conserve. Elle l'avait immobilisé avec une telle facilité que même lui en restait bouche bée. Il était là, en train de l'observer attentivement, se disant qu'il espérait ne pas devenir un jour ou l'autre son ennemi car il savait qu'il ne pourrait rien contre une tueuse professionnelle contre elle. Déjà que ses principes lui refusaient de toucher une femme mais alors une demoiselle qui pouvait facilement menacer quelqu'un de son arme et le tirer hors de la taverne , autant dire qu'il s'en mordrait les doigts pendant longtemps. Il sentait le froid lui geler les pieds mais s'en fichait ; tout ce qui l'intéressait c'était Xenosia qui revenait vers lui pour l'aider à se relever.

"Euh... oui... merci... Merci beaucoup...." lui répondit-il, mal à l'aise.

Il jeta un regard autour d'eux constatant avec horreur que les clients se plaignaient soit du grabuge qu'il y avait eu soit du froid et parfois même les deux. Il sentait qu'il allait avoir quelques problèmes. Paranoïa? Non.... Juste qu'il commençait à connaître les patrons. Alors qu'il souhaitait d'aller récupérer ses chaussures Xenosia lui posa une question concernant sa blague avouant au passage qu'elle la pensait nulle. Oh oui, sa vanne avait été plus que stupide et il avait honte qu'elle l'ait entendu. Il se demandait si elle connaissait le dentifrice ; si elle portait une protection digne de chevaliers sans doute devait-elle vivre autrefois comme une guerrière médiévale autrement dit, ne connaissait pas la pâte pour les dents, se contentant seulement de racines d'arbres pour se nettoyer les gencives et enlever le tartre.

"Comment vous expliquer....?"

Il avait trop envie de parler d'autre chose, de partir sur une autre conversation ou trouver une échappatoire. Ceci dit, il ne pouvait pas laisser quelqu'un sans réponse.

"En fait je faisais référence à du dentifrice.... il se racla la gorge, commençant à rougir de honte. C'est une pâte.... qui sent la menthe et qui aide à... à laver les dents... Ça rafraîchit l'haleine.... Et comme actuellement il fait anormalement très froid ici..."
-SCHMIDT ! AU PIED!

Le patron avait débarqué dans la pièce depuis un certain temps déjà et avait vu non seulement la bagarre qu'il y avait eu mais avait ressenti l'air glacial de l'auberge. Sans doute avait-il eu vent du gros baraqué chercheur de noises il y a près d'une heure, de ses manigances pour trouver une chambre à ceux qu'il surveillait, etc... En tout cas, lorsqu'il entendit la voix de l'homme un frisson parcouru le dos de l'agent de sécurité qui se braqua aussitôt. Son visage rouge vira au teint très pâle qu'il avait, voire même était un peu plus blanc qu'à l'accoutumée. Il déglutit, fit la moue et se retourna en direction de son supérieur.

"Oui monsieur!"

Il jeta un dernier un regard à Xenosia, laissa échapper un "Excusez-moi" à la jeune femme avec un mouvement de tête avant de se diriger pieds nus en direction de son boss. Il disparu avec lui dans le bureau.

"Depuis que vous êtes là, nous n'avons que des problèmes. Vous n'êtes pas capable déjà d'assumer tous les postes que nous vous confions, mais alors là, oser s'occuper des chambres et du registre, prenant le travail à ma fille, c'est plus que trop. Combien de bagarres avons-nous eu droit ces derniers temps?! ET NE ME DITES PAS QUE C'EST A CAUSE DE LA HAUSSE DU NOMBRE DE NOUVEAUX VENUS A VIRIDIA!! Vous n'êtes qu'un incapable et je pense qu'on pourrait passer de vos services que ça ferait du pareil au même. Combien de personnes armées ici pourraient être capables de faire régner l'ordre et la justice dans l'auberge mieux que vous qui n'inspirez même pas le respect?!"

Mike, les yeux baissés, écoutait attentivement les remarques qu'on lui faisait. Ça lui faisait mal au cœur d'entendre tout ça mais ce n'était pas comme s'il n'en avait pas l'habitude. Combien de fois lui avait-on dit des méchancetés dans ce genre lorsqu'il était plus jeune? Bien souvent on l'avait insulté d'incapable, de bâtard et tout ce qui s'en suivait et à chaque fois il s'était défendu comme un beau diable, envoyant lui et ses ennemis à l'hôpital avec un grand sourire, fier d'avoir défendu son honneur. Mais là il devait tout juste de contenter d'écouter, de courber l'échine devant un homme qui avait plus souvent confronté les chiffres à la vie difficile qu'il avait eu même si en soit, elle n'était pas autant à plaindre que ça. Il serrait le poing, cherchant le courage de répondre que ce n'était pas de sa faute s'il était seul à devoir gérer plusieurs choses en même temps. Il n'avait pas envie de dire aussi qu'il suspectait quelques personnes d'être dangereuses pour les autres puisqu'en soit Xenosia l'avait défendu. Elle ne pouvait pas être si méchante que cela, n'est-ce pas? Sinon elle l'aurait laissé crever. A moins qu'elle ne l'avait voulu vivant pour lui raconter la blague ; il avait fait ce genre de coup vers des quinze-seize ans.

"Donnez-moi quelques raisons pour ne pas vous virer."
-Et bien...

Il ne savait pas trop quoi dire. Il n'aimait pas vanter ses mérites, surtout qu'il n'en avait aucune dans ce monde. Dans le sien il aurait pu faire sortir des gens facilement mais là, à présent c'était une toute autre histoire entre les boîtes de conserves , les alligators à paroles, etc... Alors qu'il se mordait la lèvre à la recherche d'une raison pour pouvoir rester dans la taverne autre qu'il acceptait de se faire exploiter facilement ou qu'il mourrait (la pitié n'atteindrait pas le patron), Xenosia fit irruption dans la pièce pour venir prendre sa défense. Encore une fois? Mais il allait avoir beaucoup de dettes envers elle, à commencer pour lui avoir sauver la vie. Il déglutit, observant le patron qui semblait devenir de plus en plus rouge en colère. Il avait envie d'intervenir, de dire à l'elfe de se calmer pour qu'il n'y ait pas plus d'histoires qu'il y en avait déjà. L'homme était presque un volcan et pouvait exploser à tout moment : le germano-américain en avait fait l'expérience plus tôt avec la moitié du personnel renvoyé. L'ordre à l'elfe de partir fut refusée par cette dernière qui alla s'asseoir sur une chaise. Il déglutit.

"Les jeunes de nos jours n'ont plus aucun respect. N'est-ce pas Schmidt?"

L'agent de sécurité posa ses yeux de nouveau sur son patron et baissa la tête.

"Donc. Je disais.... Donnez moi une raison pour ne pas vous virer."
-Et bien... pour commencer... je pense que ....
-BÂTARD! REVIENS ICI! JE VAIS TE DEMOLLIR LA FACE ! MÊME TA MÈRE NE VA PLUS TE RECONNAÎTRE!!

Reconnaissant la voix de l'homme ivre qui avait été mis à la porte par Xenosia, Mike sursauta et se mit à pâlir de plus belle.

"IL EST OU CE C*****D DE GARDIEN DE SECURITE OU JE NE SAIS QUOI QUE J'ECRASE SA TETE D'OURS EN PELUCHE ENTRE MES MAINS?!"
-Schmidt....
-Je... Je rev... Je reviens....

Mike sortit de la pièce précipitamment, suivit par son patron qui souhaitait vérifier ce qui se passait. Il était sûr et certain que l'alcoolique sur qui il avait jeté sa chaussure plus tôt venait se venger sur lui comme il savait qu'il ne pouvait pas avoir l'elfe. Bon sang, c'était mauvais pour lui, il allait perdre son travail il en était sûr. Mais alors qu'ils arrivaient enfin au restaurant, les deux hommes furent surpris de voir le géant se faire geler par le russe.

"Vous connaissez ces hommes?"
-Euh à vrai dire.... pas tellement.... Le glaçon là-bas... enfin les morceaux maintenant c'est...
-C'est celui qui a failli vous tuer toute à l'heure s'il n'y avait pas eu l'intervention de votre amie l'avocate. Vous savez que ce n'est pas la première fois que quelqu'un que vous avez viré revient ici pour réclamer vengeance?
-Oui.... Ici... il y a beaucoup de.... de rancuniers je... je trouve.... Non?

Il afficha un sourire gêné avant qu'on ne le prenne par les cheveux pour le tirer jusqu'à la porte, sous le regard médusé des clients qui se demandaient pourquoi ils passaient une journée aussi catastrophique que celle-ci. Lorsqu'il fut près de la sortie, le grand patron le jeta dehors en le poussant fortement dans le dos. Il ne tomba pas immédiatement : il a juste fallu qu'en se retournant il glisse sur une flaque de boue.

"Mais... Monsieur je...."
-Pas de fauteurs de troubles dans MON auberge....
-Mais.... je....
-Il n'y a pas de 'je' ! Et reprenez vos chaussures! Bon courage pour la suite!
-Je vais mourir!
-Dites-vous que la vie n'est offerte qu'aux plus méritants et la mort à ceux dans votre genre.

Après que sa fille lui ait amené les chaussures de Mike pour les lui envoyer à la face, le patron claqua la porte derrière lui pour retourner à son bureau, criant au passage à tous ceux qui souhaitaient également faire du bazar dans son entreprise de s'en aller. Il demanda également à son cuisinier de balayer la salle et jeter dehors les morceaux du type en puzzle pour faire un peu de place, ce qu'il fit. Le gardien de sécurité se relevant, il ne tarda pas à être rejoint par le bougre qui avait mis à terre par Xenosia et Russie. Il laissa échapper un soupire, regarda ses chaussures et réfléchit au fait s'il devait ou non les mettre avec les chaussettes sales qu'il avait. Non, il allait devoir quand même rester pieds-nus jusqu'à chez lui ou un endroit particulier où se les laver. Son regard se posant sur les morceaux, il constata qu'il devait effectivement quitter Sylviosse le plus rapidement possible, malgré le fait qu'il avait peur de cette immense forêt et de ses nombreux habitants qui l'entouraient. Il avait pratiquement les larmes aux yeux mais tant pis pour lui : il verrait bien s'il mourra ou non. Remettant sa casquette correctement sur sa tête et prenant fermement sa matraque télescopique dans sa main, il commença à s'éloigner de l'auberge, tremblant de partout.

Demain, il quittera la ville.
Demain, il s'aventurera à l'extérieur.
Demain, il mourra.

Peut-être qu'il devait faire appel à quelques aventuriers pour l'aider à rejoindre une autre ville dans l'espoir de trouver du travail et vivre comme un bon citoyen ou tout simplement se convertir dans une branche autre que le gardiennage de bâtiment. Mais s'il optait pour le second choix il était fort à parier qu'il lui arriverait d'autres problèmes, peut-être un peu plus graves que ceux qu'il avait déjà confronté jusque là. Il se mordait la lèvre inférieure, se sentant plus ou moins mal à l'aise. Cette journée lui avait été très fatigante et riche en émotions. Il se sentait plutôt mal d'avoir été viré à cause de quelques clowns qui avaient voulu jouer leurs malins mais d'un côté il ne pouvait pas leur en vouloir ; deux d'entre eux avaient voulu le défendre. Alors qu'il dépassait les rares passants en marchant rapidement n'ayant pas envie à ce qu'on voit ses larmes aux bords des yeux et priant déjà son dieu pour avoir la chance de survivre en pleine forêt, il eut la surprise d'apercevoir une silhouette se glisser devant lui. Il s'arrêta et recula même d'un pas, tenant fermement sa matraque. Il avait eu peur, il ne fallait pas se leurrer et il y avait de quoi ; l'elfe assassin se présentait devant lui. Que voulait-elle? Le tuer parce qu'il était parti sans même lui dire au revoir? Non il ne fallait pas abuser non plus. Quoique... si elle était aussi psychopathe que Monsieur Echarpe, il y avait de quoi avoir peur. Il passa son bras sur son visage pour essuyer ses larmes avant de demander :

"Que me voulez-vous?"

Il ne savait pas s'il était en colère, apeuré ou triste. Il ignorait également s'il devait la détester et lui en vouloir de lui avoir fait perdre son travail. Xenosia lui parla, lui proposant ainsi de rester avec elle, le temps de lui apprendre comment survivre en forêt. Il ne savait pas quoi répondre et de toute manière, le temps qu'il réfléchisse elle s'en était déjà retournée à l'auberge, peut-être pour aller voir les autres gugusses. Est-ce qu'il devait vraiment la suivre ou était-il préférable qu'il voyage et apprenne à se débrouiller seul? Et si elle le lâchait au bout d'un moment? Elle pensait juste qu'il n'avait pas confiance en lui mais lorsqu'elle découvrira qu'il était vraiment un peureux, sans doute abandonnera-t-elle d'être son professeur et de laisser en pâturage aux créatures affamées de cette forêt sans limite. Il se mordit la lèvre inférieure. Accepter ou refuser? Dans les deux cas, il risquait fortement de mourir même s'il avait un minimum de chances de survivre avec l'elfe. Oh et puis zut. Pourquoi pas. De peur de revoir l'aubergiste qui l'avait viré Mike attendit que Xenosia revienne vers lui pour lui répondre tout simplement :

"Je vous suis.... mais je vous préviens... je ne suis pas très bon élève..."

La preuve était qu'il avait un peu raté ses études et que même s'il avait son baccalauréat il avait loupé son école de mécanisme, devant se rattraper sur une formation d'agent de sécurité. Puis, se rendant compte qu'il n'avait pas encore dit son nom à la jeune femme il lui dit;

"Ah... je suis désolé.. Toute à l'heure je ne me suis pas présenté... Je m'appelle Mike Schmidt...."